L’objectif des élus de Rennes Métropole est de canaliser la forte croissance de l’agglomération, afin d’éviter le mitage urbain et de préserver la ceinture verte. D’où la nécessité de densifier l’existant, à commencer par un noyau urbain mieux desservi par les transports publics. Il reste deux grands espaces disponibles à l’intérieur de la grande ellipse formée par la rocade, qui doivent être urbanisés en priorité : le secteur de la Courrouze au sud-ouest, et une vaste étendue à l’opposé, qui porte pour l’instant le doux nom (provisoire) de « secteur intrarocade nord-est ». Dans le centre, un troisième pôle de croissance, le centre d’affaires EuroRennes, doit sortir de terre autour de la gare. Et du côté de la place Sainte-Anne, le couvent des Jacobins va se transformer en centre des congrès. De l’un à l’autre, il y a comme un fil rouge : « Ce n’est pas un hasard si les grands projets nouveaux de l’agglomération sont sur le trajet de la seconde ligne de métro », indique Emmanuel Couet, le vice-président de Rennes Métropole délégué à l’aménagement.
EuroRennes, un centre d’affaires à la gare pour accueillir le TGV
En 2014 si tout va bien, Rennes ne sera plus qu’à 1 heure 27 de Paris en TGV, et les lignes conduisant vers Brest et Quimper auront été modernisées. Il va donc falloir agrandir la gare d’ici là, d’autant que la Bretagne veut continuer à développer son réseau TER : le trafic devrait doubler d’ici 2020 ! Pour l’agglomération, c’est l’occasion de réfléchir au devenir de tout le quartier. Une série d’études a été lancée pour aménager au mieux un vaste espace s’étendant tout en longueur autour de la voie ferrée, sur plus de 100 ha. Il comprend, outre la gare dont il s’agit de renforcer le rôle de pôle d’échanges – s’y rencontreront TGV, TER, cars départementaux, lignes A et B du métro et bus urbains –, des rues entières à reconstruire, des terrains de la SNCF qui font des envieux, une ancienne brasserie Kronenbourg et même une prison de femmes. L’idée est de faire, comme dans d’autres villes, un quartier d’affaires. Il a déjà trouvé son nom, EuroRennes – un nom qui rappelle évidemment Euralille ou le futur pôle Euratlantique de Bordeaux. « J’ai souvent évoqué Euralille, note le maire Daniel Delaveau. C’est une extension urbaine forte. Il faut qu’elle ait du sens, urbanistiquement et architecturalement ! » Le projet prévoit la construction de 180 000 m² de planchers : deux tiers de bureaux, et un tiers de commerces et logements pour le tiers restant. La ville est assez favorable à la construction de tours. Après tout, elle veut densifier le bâti, pour éviter l’étalement urbain. Mais on n’en est pas encore là. Les huit partenaires engagés dans l’aventure (Ville de Rennes, Rennes Métropole, Département, Région, Etat, SNCF, RFF, Syndicat mixte de gestion de la gare routière) préparent une convention de pôle, et l’urbaniste va bientôt être choisi. L’objectif est de livrer la première tranche de la nouvelle ZAC en 2014, quand la gare TGV sera reconstruite. La seconde phase des travaux doit s’étaler jusqu’à l’ouverture de la ligne B du métro, vers 2018 ou 2019. L’aménagement d’EuroRennes s’inscrit dans le vaste projet d’« une profonde transformation urbaine » visant à agrandir le centre-ville en l’ouvrant vers le sud. La gare en est actuellement aux confins, elle devrait bientôt en faire pleinement partie. Et les deux lignes de métro en desserviront chacun des grands pôles : du nord au sud, on aura le quartier commerçant de la place Sainte-Anne (correspondance des lignes A et B), République/Hôtel-de-Ville (République sur la ligne A, Saint-Germain sur la B), le nouveau forum culturel de la place du Général-de-Gaulle et son voisin commerçant du Colombier (Charles-de-Gaulle sur la A, Puits-Mauger sur la B), et enfin EuroRennes (Gares, l’autre station de correspondance). Cette mutation imposera notamment de revoir le plan de circulation de toute la ville.
Au sud-ouest, un nouvel écoquartier sort de terre à la Courrouze
A cheval sur la frontière séparant Rennes et Saint-Jacques-de-la-Lande mais toujours à l’intérieur de la rocade, la zone de la Courrouze accueillait des terrains industriels et militaires : un centre de sélection de l’armée de terre et des installations du Giat. Les deux communes qui lorgnaient dessus depuis longtemps – et Rennes Métropole qui a repris le dossier en 2002 – y ont lancé l’aménagement d’un nouveau quartier. L’espace ayant été dégagé et dépollué en 2007 et 2008, les premiers chantiers ont maintenant été lancés. Sur près de 115 ha, la Courrouze se veut un écoquartier exemplaire : les bâtiments doivent tous respecter les normes HQE (haute qualité environnementale), la consommation énergétique doit y être de 20 % inférieure aux bâtiments standards, la production d’eau chaude assurée pour au moins 40 % par l’énergie solaire, un tiers de la zone consacré aux espaces verts, etc. A terme, ce nouveau bout de ville doit accueillir 10 000 habitants, et autant d’emplois. Dès la livraison des premiers logements, un bus à haut niveau de service le reliera au reste du monde. Le projet doit être achevé vers 2020. Il sera alors, si tout va bien, desservi par le métro, grâce à deux stations : la Courrouze et le terminus Mermoz. De toute façon, la gare est à moins d’une vingtaine de minutes à pied…
A plus long terme, l’avenir est au nord-est
Au nord-est, le projet de ligne B s’arrête aux Champs-Blancs, au bout de la ville. Au-delà, il n’y a rien ou presque : c’est un espace rural, parsemé de lieux-dits, comme le Champ Pourri, la Grande (et la Petite) Bretonnière, le Roquet, la Gravelle, la Frinière, la Gaudais… Un peu plus loin, la rocade N136 achève son grand tour du noyau urbain et rencontre l’autoroute de Caen. Ce vaste espace de 500 ha, appelé « secteur intrarocade nord-est » (Sine), est presque entièrement situé sur la commune de Cesson-Sévigné. Il est promis à un grand avenir, bien peu bucolique, même si ses concepteurs parlent de « connexion entre ville et campagne de style nordique, où les vaches paissent au pied des immeubles ». Rennes Métropole y prévoit à terme, vers 2040, 40 000 nouveaux habitants, et 40 000 emplois. « Dans le cahier des charges on a mis le principe du prolongement de la ligne B du métro, sur trois stations, indique le patron de l’agglo Daniel Delaveau. C’est l’épine dorsale dans la réflexion urbanistique pour tout le secteur. » Effectivement, comme le précise son vice-président chargé de l’aménagement Emmanuel Couet, « on a mis en balance le niveau d’ambition du projet et la deuxième ligne de métro : celle-ci ne se justifiait pas jusqu’aux Champs-Blancs s’il n’y avait pas la possibilité d’un développement important derrière. Et pousser ensuite le métro jusqu’au bout ne se justifie que si ce développement est vraiment important. Réciproquement, ce développement urbain important est rendu possible par le métro ». L’idée est clairement, ajoute-t-il, « que les familles abandonnent leur deuxième voiture ». « Car, même si ce nouveau quartier sera relativement éloigné, il faut un peu plus raisonner en termes de temps. En métro, on sera en un petit quart d’heure en plein centre-ville de Rennes. C’est beaucoup plus proche que la plupart des gens qui prennent leur voiture depuis un autre quartier ! »
Réalisé en partenariat avec Rennes Métropole