À la veille de l’ouverture d’Innotrans, le plus grand salon ferroviaire au monde, Alstom a présenté le 23 septembre son premier train autonome rétrofité. Ce projet, une première selon le constructeur, a débuté une série d’essais en Basse-Saxe, en Allemagne.
Le train régional rétrofité, un Coradia Lint avec 20 ans de service, peut désormais fonctionner de manière autonome en système ouvert, selon Alstom. Le développement de cette technologie a nécessité sept ans de travail, dont deux années spécifiquement consacrées à ce modèle rétrofité.
Baptisé Arte (Autonomous regional train evolution), ce projet vise à \ »faire progresser de manière décisive la numérisation du réseau ferroviaire allemand en mettant en œuvre une exploitation automatisée des trains (ATO3) via le système européen de contrôle des trains ETCS4, sans nécessiter d’équipements supplémentaires en bordure de voie\ », explique Alstom. Ce projet est mené en collaboration avec l’opérateur LNVG, l’université technique de Berlin et le Centre aérospatial allemand, avec le soutien financier de l’État allemand et du Land de Basse-Saxe.
Équipé de 14 caméras et de deux lidars pour détecter les obstacles, le train reste en permanence connecté à un centre de contrôle. Il peut être téléguidé via une tablette ou commandé à distance en cas de besoin.
Contrairement aux autres expériences de trains autonomes, la technologie d’Alstom peut être adaptée à n’importe quel train régional. \ »Nous pouvons transformer n’importe quel train du monde d’un fonctionnement manuel à un fonctionnement automatisé\ », affirme Florian Kittelmann, directeur de la mobilité autonome chez Alstom.
Bien que la technologie fonctionne et n’ait nécessité qu’un investissement modéré de 10 millions d’euros, elle rencontre actuellement des obstacles réglementaires et juridiques. Qui serait responsable en cas d’accident? Le constructeur ou l’opérateur? \ »La question n’est pas encore tranchée. Mais même si toutes les normes ne sont pas encore définies, nous devons avancer pour être prêts lorsque l’homologation sera possible à l’horizon 2032\ », déclare Florian Kittelmann. \ »Il faut y aller étape par étape\ », ajoute-t-il.
La prochaine étape prévoit que le train circule sur la ligne commerciale Northeim-Bodenfelde en Basse-Saxe dans deux mois. Ce projet vise à répondre à la pénurie future de conducteurs, un défi majeur pour de nombreuses compagnies ferroviaires. \ »Dans les dix à quinze prochaines années, la moitié des conducteurs partiront à la retraite. Nous rencontrons déjà des difficultés à recruter des conducteurs\ », commente Florian Kittelmann. Il estime que la moitié des 150 000 trains Alstom en circulation dans le monde pourrait être automatisée, offrant ainsi des solutions aux compagnies en manque de personnel.
Marie-Hélène Poingt