SNCF Voyageurs anticipe que d’ici quelques années, 95 % de ses liaisons rentables seront convoitées par la concurrence. « Actuellement, sept rames de la concurrence circulent sur le réseau ferré français. À l’horizon 2030-2032, ce nombre pourrait atteindre 70 rames », prévoit Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs, qui s’attend à voir la concurrence capter 20 % du marché.
Par exemple, Trenitalia s’est implanté sur la ligne Paris-Lyon, tandis que Proxima envisage d’exploiter des trains sur l’axe Atlantique. Ces développements inquiètent la SNCF quant à la pérennité de son modèle économique. Les lignes bénéficiaires permettent à la SNCF de continuer à desservir des lignes peu fréquentées, essentielles à l’aménagement du territoire. Selon la SNCF, un tiers de ses lignes est déficitaire, un autre tiers est à l’équilibre, et un tiers est profitable. L’exploitation repose sur une péréquation. Si la concurrence réduit ses bénéfices, cette péréquation deviendra impossible. Les TGV, la « machine à cash » de la SNCF, ne reçoivent pas de subventions et permettent d’investir dans le matériel et la rénovation du réseau.
La SNCF a tiré le signal d’alarme depuis longtemps. François Durovray, ancien ministre des Transports, avait annoncé la création d’un groupe de travail avec la DGITM et l’ART (Autorité de régulation des transports). Son successeur, Philippe Tabarot, semble vouloir poursuivre cette réflexion.
Plusieurs pistes sont envisagées, mais elles pourraient affecter le modèle économique des nouveaux opérateurs ferroviaires. La modulation des péages en fonction de la fréquentation des lignes est une idée avancée par la SNCF : les péages seraient peu élevés pour les lignes peu fréquentées et importants pour les lignes rentables. Pour que cette mesure soit incitative, des modulations tarifaires fortes seraient nécessaires.
Par ailleurs, il ne serait pas surprenant que la SNCF cesse de desservir en TGV les bouts de ligne peu fréquentés, à condition de proposer des correspondances efficaces. Cependant, les élus défendent la desserte de leurs territoires et la SNCF préfère éviter les conflits. En attendant, faire rouler des TGV quasiment vides coûte très cher et a des conséquences sur l’empreinte carbone.