Paradoxe : on pensait que les élus régionaux se réjouiraient de pouvoir lever de l’argent pour financer leurs transports publics grâce au versement mobilité adopté dans le budget 2025. C’est le cas de Régions de France, qui réclame depuis longtemps de nouvelles ressources et un traitement équitable par rapport à l’Ile-de-France, qui dispose déjà de cette possibilité de financement. Le VM vient \ »conforter les Régions dans leur rôle de chef de file de la mobilité\ », écrit Régions de France dans un communiqué. Mais quatre de ses membres affichent leur opposition et affirment qu’ils ne l’utiliseront pas.
Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand (LR), a été le premier à signifier son rejet. \ »La région n’est pas là pour mettre les entreprises la tête sous l’eau, l’État le fait déjà trop\ », a-t-il souligné, cité dans Le Parisien du 12 février. Christelle Morançais (Pays-de-la-Loire, Horizons), Hervé Morin (Normandie, Nouveau Centre) et Laurent Wauquiez (Auvergne-Rhône-Alpes, LR) lui ont emboîté le pas.
Côté usagers, c’est l’incompréhension, notamment en région Auvergne-Rhône-Alpes où, selon la Fnaut locale, les besoins financiers en termes de mobilité sont énormes. \ »Trop de trains sont en surcharge, condamnant les usagers à des déplacements difficiles dans un contexte de croissance du trafic, +24% depuis 2019, preuve que les TER répondent à un besoin. Mais aucune nouvelle rame n’a été commandée depuis 2019, il est urgent de les commander mais les financements se font attendre\ », selon l’association représentant les usagers. \ »En faisant ce choix, la Région se prive de moyens financiers pour résoudre les problèmes quotidiens de déplacements et développer l’offre de transports publics pour répondre aux besoins de mobilité décarbonée\ ».
L’association Aurail enfonce le clou, estimant que \ »le discours politique traditionnel de la Région Auvergne-Rhône-Alpes sur les insuffisances de financement des mobilités par l’État n’est plus audible\ ».
Le sénateur socialiste Olivier Jacquin dénonce de son côté une position \ »dogmatique\ ». Et rappelle que le VM aurait \ »permis de lever jusqu’à 375 millions d’euros par an, soit environ 30M€/an/région pour financer des transports en commun, dont 10% auraient été fléchés spécifiquement vers les territoires ruraux qui ne disposent pas d’argent suffisant pour développer une offre de mobilité !\ »