Les taux de panne alarmants des RER NG sur la ligne E du RER ont poussé Transilien SNCF Voyageurs à demander à Alstom de suspendre les livraisons jusqu’à ce que des solutions soient trouvées.
Les usagers de la ligne E du RER espéraient bénéficier de trains modernes et fiables avec l’arrivée des RER NG depuis novembre 2023. Cependant, la réalité est bien différente : les retards et suppressions de trains se sont multipliés depuis la mise en service complète en décembre dernier. La ponctualité sur le tronçon Magenta-Nanterre était de 89 % en janvier, bien en deçà des 93 % prévus dans le contrat avec Île-de-France Mobilités.
Bien que tous les acteurs impliqués aient une part de responsabilité, la situation s’améliore grâce au rodage de la ligne et à des mesures correctrices. Toutefois, le taux de panne des nouveaux trains reste préoccupant, étant «deux fois supérieur à ce qui était attendu et quatre fois supérieur à celui des anciennes rames MI2N», selon Tarik Khalidi, directeur de l’exploitation et de l’information voyageurs, cité par Le Parisien. Transilien précise que «les non-qualités de fabrication constatées sur les rames nouvellement livrées ont un impact trop important sur la qualité du service rendu aux voyageurs de la ligne E du RER».
La menace de suspension planait depuis plusieurs semaines
En conséquence, Transilien a décidé cette semaine de demander à Alstom de suspendre les livraisons des RER NG, confirmant une information de Mobilettre. La suspension est prévue jusqu’en septembre mais pourrait être levée plus tôt si Alstom parvient à résoudre les problèmes rapidement.
Transilien, qui menaçait depuis plusieurs semaines de prendre cette mesure, a anticipé la situation en conservant les trains actuels vieillissants. Cependant, cette solution a ses limites : la maintenance de ce matériel a été réduite au minimum, augmentant le risque de pannes pour ces trains également.
Alstom affirme travailler «en étroite collaboration avec SNCF pour poursuivre le plan d’actions qui a été défini conjointement, résoudre les défaillances dans les meilleurs délais». Le constructeur rappelle que «le RER NG est un matériel nouveau et innovant. Aussi comme tout processus d’innovation et tout matériel roulant nouvellement mis en service, il doit passer par une phase de fiabilisation en exploitation, afin de corriger les éventuelles anomalies ou « défauts de jeunesse ». Alstom pointe également un problème de graisse en excès, conduisant à une insuffisante adhérence des roues sur le rail, ce qui entraîne le patinage des trains et un risque d’arrêt en pleine voie. «Dans le cas du RER E, la problématique a été accentuée du fait de la non-miscibilité de la graisse employée sur le RER NG et celle des anciens matériels MI2N», souligne Alstom dans un communiqué.
Valérie Pécresse demande un plan d’action
Réagissant aux dysfonctionnements enregistrés sur Eole, Valérie Pécresse a envoyé le 3 mars une lettre à Alain Ribat, le directeur de SNCF Voyageurs Transilien. Dans cette lettre, la présidente d’Île-de-France Mobilités pointait en particulier la présence de graisses non-miscibles entre les rames MI2N et les nouvelles rames RER NG pouvant perturber l’adhérence des roues sur le rail et nécessiter une interruption pour nettoyer les rails.
L’élue, également présidente de la région, a demandé à la SNCF un plan d’action sous deux semaines, en lien avec Alstom et SNCF Réseau pour résoudre les problèmes et revenir à un haut niveau de ponctualité. La ponctualité de la ligne est descendue sous les 90 % pour les mois d’octobre et de décembre 2024, alors qu’elle était depuis plusieurs années à des niveaux bien supérieurs, rappelle-t-elle également.
130 rames RER NG attendues à terme par Transilien
Transilien SNCF Voyageurs dispose de 36 RER NG, dont 26 RER circulent quotidiennement sur Eole.
A terme, 130 rames RER NG sont attendues par le transporteur.La commande s’élève pour le RER E à 2,8 milliards d’euros, réalisée par SNCF Transilien pour le compte d’Île-de-France.Plus de 600 000 voyageurs empruntent chaque jour la ligne E.