La Renfe, qui avait initialement prévu d’ouvrir une troisième destination en France pour avril, semble rencontrer des obstacles majeurs. Les billets pour la liaison Barcelone-Toulouse ne sont toujours pas disponibles à la vente, ce qui laisse planer le doute sur l’arrivée des trains espagnols en gare de Matabiau ce printemps. Récemment, la presse espagnole a même évoqué la possibilité que Renfe se retire du marché français pour se concentrer sur son marché domestique, confirmant ainsi les tensions persistantes entre les deux pays dans le secteur ferroviaire.
Lors d’une audition devant une commission sénatoriale française fin janvier, Paloma Baena, directrice de la stratégie de Renfe, a souligné les nombreuses difficultés rencontrées par l’opérateur espagnol en France. Elle a notamment regretté le manque de transparence et de visibilité dans le processus d’autorisation du matériel roulant, comparant la situation à celle de l’Espagne, où des opérateurs ont été autorisés à faire circuler leurs trains cinq mois après l’ouverture du marché.
Renfe souhaite utiliser le S106, produit par Talgo, sur le réseau français. Cependant, le processus d’homologation, lancé depuis trois ans, pourrait ne pas aboutir avant 2028, selon Paloma Baena. Les essais nécessaires à l’obtention de cette autorisation sont au point mort depuis plus d’un an, selon Lionel Arnold, directeur des autorisations à l’EPSF. Les contacts avec les équipes de Talgo se sont interrompus, et aucune demande de nouveaux essais n’a été reçue depuis.
Contact rompu
Les tests techniques n’étant pas terminés, toute la procédure administrative d’autorisation est suspendue. L’EPSF n’a reçu aucune demande d’extension d’autorisation pour la France par l’agence de l’Union européenne pour les chemins de fer (ERA). Renfe a donc suspendu toute démarche depuis plusieurs mois.
Le manque de coopération de l’opérateur historique français pour donner accès au réseau et procéder à des tests techniques, ainsi qu’à des ateliers de maintenance, a été régulièrement évoqué par l’homologue espagnol.
Paris dans le viseur
Lionel Arnold estime que les tests pourront reprendre dès que Renfe le souhaitera, malgré l’augmentation du nombre d’opérateurs faisant la demande. Au-delà des problèmes techniques et réglementaires, les ambitions de Renfe en France semblent avant tout contrariées commercialement, faute de pouvoir opérer sur Paris. Depuis 2023, Renfe assure seul les liaisons Madrid-Marseille et Barcelone-Lyon, transportant un million de passagers.
Renfe a toujours indiqué que la rentabilité de son activité en France dépendait de l’ouverture d’une ligne vers la capitale. L’opérateur espérait obtenir cette autorisation pour les Jeux de Paris 2024, puis à la fin de l’année. C’est pour cette raison qu’il a acheté une trentaine de nouvelles rames au constructeur espagnol Talgo. En 2023, la société affichait des pertes de 123 millions d’euros, réduites à 20 millions d’euros l’année dernière.