Polyvalentes et performantes, les locomotives Sybic ont marqué les années 90 par leur capacité à circuler en tête de trains de voyageurs ou de fret. Commandées à Alsthom à 234 exemplaires, leur nombre a cependant diminué drastiquement au fil des ans. Plongeons dans l’histoire de ces locomotives bicourant, les BB 26000.
Dès 1984, la SNCF a manifesté son besoin d’acquérir une nouvelle série de locomotives bicourant 1,5/25 kV, capables de franchir les frontières électriques de plus en plus nombreuses sur son réseau. Ces nouvelles locomotives devaient également remplacer des séries plus anciennes comme les CC 7100, BB 8100, 9400 en courant continu, et les BB 12000, 13000, CC 14000, 14100 en courant monophasé.
Elles étaient également destinées à desservir les nouvelles lignes électrifiées et celles à venir à court et moyen termes, telles que Hazebrouck – Calais, Calais – Boulogne (prolongement du TGV Nord-européen), Mantes – Caen – Cherbourg et l’antenne Lisieux – Trouville-Deauville, Rennes – Saint-Brieuc – Morlaix – Brest (Bretagne nord), Rennes – Lorient – Quimper (Bretagne sud), Nantes – Le Croisic, Savenay – Redon, Poitiers – Niort – La Rochelle, Vierzon – Bourges, Tours – Vierzon, Saint-Pierre-d’Albigny – Albertville – Bourg-Saint-Maurice (Tarentaise), Franois – Mouchard – Lons-le-Saunier – Saint-Amour, Miramas – Golfe-de-Fos (Coussoul, Graveleau), Moret-Veneux-les-Sablons – Nevers – Clermont-Ferrand (Bourbonnais).
Dérivées des locomotives prototypes BB 20011 et 20012, qui ont expérimenté une chaîne de traction synchrone triphasée innovante avec hacheurs de courant et onduleurs à thyristors, les BB 26000 disposent d’une puissance de 5 600 kW, légèrement inférieure à celle des CC 6500, mais surpassant de 30 % celle des BB 22200. Bénéficiant des dernières avancées en matière d’électronique, elles nécessitent un entretien réduit et sont surnommées Sybic (pour synchrones bicourant) avec une masse de 90 t, soit 22,5 t par essieu, offrant ainsi une haute adhérence.
Leur polyvalence était essentielle, car elles devaient pouvoir circuler avec des rames voyageurs de 750 t en rampe de 2,5 mm/m ou remorquer un train de marchandises de 2050 t à 80 km/h en rampe de 8,8 mm/m. Commandées à la firme Alsthom par un premier marché en date du 23 juillet 1984 portant sur 44 engins, suivi de deux autres commandes de 22 unités chacune, toute la série a été affectée d’origine au dépôt bourguignon de Dijon-Perrigny. Elles ont fait leurs premières marches de réception sur l’artère accidentée de la transjurassienne Dole – Mouchard – Frasne – Vallorbe avec ses rampes de 20 mm/m.