Définitivement approuvé le 3 décembre 2020, le budget de l’État espagnol pour 2021 stimule les investissements dans les infrastructures ibériques, notamment en cherchant à « verdir » le rail. Pour le faire voter, le chef du gouvernement a dû réunir une large alliance de députés puisque la formation socialiste de Pedro Sánchez est loin d’avoir la majorité. Se donnant pour priorité la transition verte et la digitalisation, ce budget est en progression de 10 % à 240 milliards d’euros, avec un accent sur le social, 21,1 % pour l’industrie et l’énergie ainsi que 17,6 % pour les infrastructures. En renfort, l’Espagne bénéficiera d’ici à 2023 de 72 milliards d’euros venus des fonds européens dans le cadre du « Plan de relance » décidé à Bruxelles, dont 27 milliards dès 2021. Derrière l’Italie l’Espagne est le pays le mieux servi par ce dispositif.
Prêts et subventions aidant, 16 milliards devraient être consacrés sur trois ans aux infrastructures ferroviaires.
Dès juillet le gestionnaire des voies ferrées espagnoles, Adif, avançait deux chantiers principaux, en s’inspirant d’une économie verte et du développement des territoires. Le premier objectif est de compléter le réseau à grande vitesse (AVE) : à commencer par le « Corridor Méditerranée » qui va de Barcelone à Alicante et Almeria au sud, soit un total de 1 300km ; il sera mis à l’écartement européen. Ministre des Transports, Jose-Luis Abalos a indiqué le 12 novembre à Valence que 2 milliards d’euros sont prévus dans le budget de l’Etat 2021 pour cette conversion, déjà en cours. D’autres lignes également entamées doivent être accélérées, tels l’achèvement de l’AVE vers la Galice au nord- ouest, le passage vers les Asturies via les colossaux tunnels de Pajares sous la chaîne cantabrique, ou encore le «Ybasque» qui a été l’une des conditions d’un vote favorable des formations locales au budget général de l’Etat.
Deuxième chantier, l’intensification de l’économie verte dans le réseau ibérique. A côté d’une digitalisation accrue, l’idée est d’accroître son électrification et de supprimer rapidement le recours au diesel, y compris avec des solutions nouvelles comme le recours à l’hydrogène et aux batteries :en octobre, Portugal et Espagne se sont accordés au sommet de Guarda afin de travailler ensemble sur ces solutions. Sans attendre, Adif entend jouer les complémentarités rail-mer : électrifier par exemple l’accès au port andalou d’Algeciras ou le tronçon central Ciudad Real-Merida dans le prolongement du port lusitanien de Sines sur l’Atlantique. Même opération sur des axes transversaux reliant les plateformes logis- tiques, ainsi Valence-Saragosse (lien Méditerranée-Atlantique) et, bien sûr, la ligne entre cette dernière ville et la France via le transpyrénéen Huesca-Canfranc (Pau) qu’il faut passer à l’écartement européen et électrifier
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