Les actions antifraude ne se font plus en ordre dispersé et la région, le Stif, la RATP et la SNCF le font savoir par le biais d’une campagne inédite du 19 septembre au 4 octobre : « Fraudeurs, pour vous les règles ont changé ». « L’idée c’est de dire aux fraudeurs occasionnels, “ce n’est pas malin de frauder aujourd’hui” pour renverser l’état d’esprit », a expliqué Valérie Pécresse. La présidente LR de l’Île-de-France et du Stif a indiqué avoir reçu l’assurance de Bernard Cazeneuve de l’imminence des décrets d’application sur le volet sûreté de la loi Savary. Pour mémoire, la loi a fait passer le délit de fraude d’habitude de 10 à cinq contraventions, interdit les mutuelles de fraudeurs, les signalements de présence de contrôleurs via les réseaux sociaux, et prévoit des peines lourdes pour déclaration de fausse identité ou adresse (jusqu’à deux mois de prison et 3 750 euros d’amende). Mais il manque les décrets permettant aux agents assermentés d’exiger une pièce d’identité, de faire des contrôles en civil, de croiser les informations avec les fichiers du fisc et de la sécu et de retenir les contrevenants pendant 4 heures. « Nous nous sommes inspirés de ce qu’a fait le métro de New York, a encore dit Valérie Pécresse.
Car l’entrave au déplacement est encore la sanction la plus pénalisante ». Selon la Cour des comptes, la fraude a coûté 366 millions d’euros en 2015, soit un million par jour. La RATP a elle chiffré à 171 millions d’euros la perte de recettes et 90 millions d’euros le coût du contrôle. « L’enjeu est aussi de justice et de citoyenneté », ajoute sa présidente, Élisabeth Borne. Alain Krakovitch, le directeur de Transilien, qui mène depuis un an des opérations coup-depoing sous forme de bouclage complet d’une gare, assure lui que « la fraude a baissé de deux points en deux ans » et qu’elle « déclenche l’exaspération de ceux qui payent. » Les derniers contrats passés avec le Stif prévoient que la RATP récupère 20 millions d’euros et la SNCF 10 millions. Les sanctions pécuniaires, allant de 35 à 120 millions d’euros, sont alourdies sur tous les réseaux, et la RATP déploie cette année le PV électronique, tandis que la SNCF a prévu d’assermenter ses 5 000 agents de gare. Sachant enfin de la triche est plus importante sur les réseaux ouverts (en moyenne 12 % contre 3 %), il est prévu de fermer les réseaux tram (en commençant par le T11 en 2017) et 14 gares franciliennes dont Saint-Lazare, moyennant une aide du Stif de 50 millions d’euros. Cette dernière, qui génère les flux banlieue les plus importants d’Europe, aura des lignes de contrôle automatiques fin 2018. « 90 % des clients franciliens passeront alors par un portique de contrôle contre 80 % actuellement », conclut Alain Krakovitch.