L’annonce par Alstom de la fin prochaine de la production à Belfort, berceau du groupe, a fait l’effet d’une bombe. Alors qu’approche l’élection présidentielle, François Hollande et le gouvernement veulent à tout prix repousser la perspective de la fermeture. Pour sa part, Alstom espère sans doute, vu l’impact politique et social, que la très grosse commande en cours d’examen pour le RER 2N NG n’échappera pas au consortium qu’il a formé avec Bombardier.
«Le président de la République nous a fixé un objectif, celui de faire en sorte qu’à Belfort les activités ferroviaires d’Alstom soient maintenues », a déclaré le ministre de l’Économie Michel Sapin sur le perron de l’Élysée le lundi 12 septembre. La réunion interministérielle présidée par François Hollande a été le climax de la nouvelle affaire Alstom. Affaire déclenchée mercredi 7 avec l’annonce de la fin, après 2018, de l’ingénierie et de la production en 2018 dans l’usine de Belfort, berceau du groupe. Y a-t-il eu politisation du dossier ? Mais le dossier a toujours été politique et, alors que les candidats possibles ou déclarés s’échauffent pour la course à la présidentielle, le retentissement était garanti. C’est lors de l’European Works Forum (EWF), instance réunissant les salariés européens du groupe, qui se tenait le 7 septembre à Reichshoffen, que l’information concernant Belfort a été communiquée. Alain Courau, directeur de Belfort, a ensuite réuni les OS du site. Ont suivi sans tarder des lettres de Fabienne Keller (sénatrice du Bas-Rhin) et de 12 autres élus, ou de Louis Nègre (président de la FIF). Et une demande d’explication de Bercy dès le lendemain de l’annonce. Mais, tout de suite, on a changé de dimension.
Nicolas Sarkozy a accusé Emmanuel Macron de n’avoir « rien fait » pour Alstom, Emmanuel Macron considéré que « la décision qui a été prise et le calendrier ne sont pas acceptables », Arnaud Montebourg dénoncé une mesure « inacceptable », fruit du « laisser-faire ». Manuel Valls, lui aussi, a jugé la « méthode inacceptable » et déclare : « nous avons déjà sauvé Alstom et nous pouvons encore sauver Alstom, à condition que les dirigeants jouent pleinement leur rôle ». S’agit-il de sauver Alstom ? Mais Alstom aujourd’hui ne se porte pas mal. 6,9 milliards de CA (exercice 2015-2016), 366 millions de résultat, un carnet de commandes de près de 30 milliards. Depuis la cession de l’énergie à General Electric, le groupe est désendetté, et il continue à engranger des contrats. Certes, de bons connaisseurs de l’industrie regrettent le démantèlement récent et considèrent que la fin du conglomérat est un peu le début de la fin. Mais, pour l’heure, les difficultés sont d’abord hexagonales. Le problème, c’est la situation des 12 sites natio-