Le mercredi 24 février le secrétariat d’État aux Transports annonçait la démission du président de SNCF Réseau. Jacques Rapoport, dans sa lettre de démission, invoque son âge. Mais c’est plutôt l’âge du réseau qui lui a fait rendre son tablier.
La démission de Jacques Rapoport, président de SNCF Réseau, a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Il n’a pas retenti dans un ciel serein, tant les nuages s’accumulent au-dessus de la SNCF. Brétigny est le plus menaçant. La chronologie récente peut laisser penser que l’accident, s’il n’est pas déterminant, n’est pas totalement étranger à l’affaire. Jacques Rapoport écrit sa lettre de démission le jeudi 18 février. Le 23 février, Mediapart publie, à la suite du Canard Enchaîné et du Figaro, une enquête mettant en cause la SNCF dans l’accident de Brétigny et dans ce qui s’en est suivi. Le lendemain soir, le secrétariat d’État aux Transports annonce la démission du président de SNCF Réseau. Un enchaînement que relève Mediapart. Il semble surtout que le ministère, pour éviter que la démission, qui commençait à être connue, soit d’abord publiée par la presse, ait in extremis décidé de la communiquer. Et, ce qui va mal au rôle de fusible, Jacques Rapoport n’a pas été selon des informations concordantes poussé à partir.
C’est bien lui qui s’en va, de son propre chef. Sa décision, selon un proche, a été mûrement réfléchie et remonte à l’automne. Pourquoi ? Il invoque dans sa lettre son âge… Mais le fait qu’il approchait mois après mois d’une limite d’âge qu’il devait atteindre le 29 mai 2017 n’a pas dû faire l’objet d’une révélation soudaine. Jacques Rapoport n’est pas parti à cause de son âge. Plutôt à cause de l’âge du réseau. « Gestionnaire d’infrastructures vieillissantes », ainsi définit-il SNCF Réseau dans sa lettre. Il n’est pas parti non plus à cause de Brétigny. Mais pour ne pas endosser une politique qui ne parvient pas à entraver la dégradation du réseau, et peut même conduire à de nouveaux Brétigny. Son départ pointe ce que l’on peut appeler la responsabilité de Bercy. Ou l’irresponsabilité de l’État. Jacques Rapoport nous avait reçu le lundi 15 février (voir son interview, désormais datée, mais non dépassée, pages 10 à 13). En marge de la rencontre, il avait souligné à quel point il avait besoin du contrat de performance avec l’État, qui devait donner dix ans de visibilité au système ferroviaire. Sans cacher qu’il n’espérait pas une prochaine signature. Et en précisant que ce contrat ne pourrait être qu’un bon contrat, car il n’en signerait pas un mauvais.