Ce livre reconstitue une épopée de deux siècles. Après l’époque héroïque où le voyageur dispose de banquettes héritées des diligences, viendra une offre de lits et de couchettes, mais dans les seules voitures de 1re classe… Mieux encore, moyennant un supplément élevé, une Compagnie Internationale de wagons-lits proposera de voyager dans des trains-hôtels inspirés des Etats-Unis. La Belle Epoque s’incarne dans quelques-uns de ces trains de luxe internationaux, dont l’Orient-Express sera l’expression sublimée et mythique à l’excès !
Ce livre relate l’histoire des voyages de nuit en chemin de fer, une offre lentement améliorée en conjuguant confort et bon marché. Le sujet n’a jamais été traité. Dans un livre très richement documenté1, Maryse Angelier a retracé l’évolution de ce confort jusqu’en 1937, où « la victoire des commodités les plus essentielles est acquise : lit, toilettes, water-closets ». Mais c’est plutôt l’histoire laborieuse de ces toilettes et w.-c. qu’elle a étudiée…
Notre approche privilégiera « l’humain », voyageurs et contrôleurs embarqués dans ces trains de nuit, plutôt que le matériel et l’offre de services, tant les ouvrages, indiqués en bibliographie, ne manquent pas à ce propos, notamment ceux dédiés à la CIWL. Les arguments et images publicitaires des Compagnies, puis de la SNCF, ont été aussi analysés. Ils ont constamment démontré les vertus du « saut de nuit » en train, ne mordant pas sur les plus précieuses heures diurnes de travail ou de loisir.
Sur la longue durée, cette histoire se résume en trois temps, une lente popularisation, un âge d’or, un irrésistible déclin enfin. Un retour opportun se dessine toutefois depuis le 14 juillet 2020, le président Emmanuel Macron affirmant sa volonté de voir les trains de nuit se redévelopper en France. Depuis, les annonces officielles d’une relance prochaine n’ont cessé, tant la politique engagée au service de la nécessaire transition écologique favorise bien ce réveil des trains de nuit.
« En France, le développement du TGV a mangé les trains de nuit et l’offre s’est dégradée. Il faut changer tout ça », confirmait le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari.
La dernière nouvelle émane de la SNCF : le 16 avril 2021, un Paris-Nice circulera à nouveau de nuit, ainsi qu’un Paris-Tarbes en décembre.
Au-delà de cet enjeu politique, il est utile au sociologue d’évoquer l’univers social si intéressant et si particulier du compartiment de chemin de fer. Au XIXe siècle, si Daumier ou Proudhon ont vu dans le voyageur un colis passif malmené par les compagnies, les précieuses observations de « la vie en chemin de fer » de Giffard, comme les savoureux dessins de Robida qui les illustrent, révèlent un « homo ferroviarus » malin, de jour à l’affût du « coin, côté fenêtre, sens de la marche » ou rusant de nuit pour monopoliser toute une banquette. Les interrelations complexes entre les occupants anonymes d’un compartiment n’ont pas échappé aux analyses de l’anthropologue Edward T. Hall2 ou du sociologue Erving Goffman3.
La nuit délivre dans cet espace clos un champ potentiel de transgression des règles, et le compartiment peut apparaître comme une scène de crime idéale, ou à l’inverse, abriter des jeux complices de séduction, jusqu’au passage aux actes… Ces deux versants, au-delà des bonnes manières, sont donc bien abordés ici, côté Eros comme côté Thanatos.
(1) Maryse Angelier, Voyage en train au temps des compagnies (1832-1937), La Vie du Rail, 1998.
(2) Edward T. Hall, La Dimension cachée, Le Seuil, 1978, Coll. Points, p. 177.
(3) Erving Goffman, La Mise en scène de la vie quotidienne. Les relations en public, Editions de 86 87 Minuit, 1996, p. 44-45, p. 7.
220 x 270 mm.
224 pages.
Réf. : 110406
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