La crise liée à la pandémie de Covid-19 a bouleversé un monde des transports qui devait déjà faire face à la domination de la route et au changement climatique. Dans ce cadre, la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) a adopté, le 14 septembre, une motion d’actualité autour du thème « contre le réchauffement climatique, contre la dépendance automobile : le rôle des transports publics », qui a aussitôt été adressée à l’Etat.
Le constat de la Fnaut est clair : côté gagnants, on retrouve le vélo, qui « reste un transport individuel et pourra difficilement devenir un transport de masse, il est plutôt complémentaire de celui-ci ». Autre transport individuel, « la voiture sort grande gagnante auprès de toutes les classes d’âge et de tous les publics. Ainsi s’accroît la dépendance automobile pour les plus démunis, les plus isolés et ceux qui n’ont pas d’autre choix que la voiture, y compris en milieu urbain pour les liaisons transversales et de banlieue à banlieue ».
Côté perdants, le trafic aérien s’est écroulé et se voit même remis en question sur les distances où le train permet des temps de parcours équivalents, alors que « les transports publics ont perdu en moyenne 20 % à 30 % de leurs clients et ne les regagneront pas avant plusieurs mois voire deux ou trois ans ».
Une des raisons de cette perte de clientèle est le développement du télétravail, qui « se généralise et demeurera sans doute un ou deux jours par semaine », de même que les consultations médicales à distance, les audio et visioconférences, les achats sur internet… « D’autres transformations vont s’opérer que nous n’identifions pas encore, pour répondre au nouveau cahier des charges sanitaire », ajoute la Fnaut.
Pour cette dernière, les conséquences de ce constat sont « particulièrement violentes » : transports publics économiquement déséquilibrés et investissements en leur faveur repoussés, congestion routière et dépendance automobile accrues, accentuant la tendance à l’étalement urbain.
« Dans ces conditions, la Fnaut attend de l’État qu’il présente un plan ambitieux de lutte contre le réchauffement climatique, affiche des priorités claires et une vision prospective de l’offre du transport public », par une politique d’investissements, de fiscalité tenant compte des coûts environnementaux, de maîtrise des trafics routiers (écoconduite, limitation des vitesses, péage urbain, autopartage) et de développement « énergique » du fret ferroviaire (réseau capillaire, grands travaux dont Lyon-Turin, railroute).
La Fnaut a aussi des attentes vis-à vis des collectivités régionales (gestion prioritaire de l’offre ferroviaire, coordination et complémentarité de tous les modes de transport, intégration intelligente et cohérente des réseaux métropolitains et régionaux, service et information voyageurs de meilleure qualité) et des autorités organisatrices métropolitaines et urbaines (meilleure qualité de l’air, réduction du trafic automobile et partage de la voirie « qui préserve la vitesse des bus, sécurise l’usage du vélo et garantisse la sérénité du piéton »).
Mieux rembourser les voyages à forfaits et aériens
Le dernier point de la motion, qui revient aux fondamentaux de la Fnaut – la défense des usagers des transports publics – concerne le remboursement des voyages à forfait annulés et les droits des passagers face aux compagnies aériennes. Dans cette perspective, en particulier suite aux vagues d’annulations induites par la crise sanitaire, la Fnaut a demandé l’amélioration des quatre règlements européens relatifs aux droits des voyageurs par modes (avion, train, bateau et autocar). « La consultation de la Fnaut et des autres associations d’usagers, rendue obligatoire par les décrets ministériels publiés lors du confinement, a été un progrès réel et apprécié. Elle souhaite que cette consultation systématique soit pérennisée. Elle exige que les autorités organisatrices à mettre en place cette consultation sur les cahiers des charges, sur les rapports des délégataires. »
Concrètement, la Fnaut diffuse une fiche pratique Covid-19 et droits des voyageurs. « Ces derniers temps, la SNCF a été très conciliante », reconnaît Bruno Gazeau, président de la Fnaut, et « seul Eurostar a imposé des avoirs ».
Côté voyages à forfaits et des billets d’avion, beaucoup reste à faire et la Fnaut demande un remboursement sous 14 jours – en euros – des premiers, selon la directive européenne, au lieu des avoirs remboursables au bout de 18 mois permis par l’ordonnance française du 25 mars dernier. Des lettres ouvertes ont été envoyées par la Fnaut aux ministères concernés le 13 juillet, sans réponse aux dernières nouvelles…
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