Les cheminots sont quasiment invités à sacrifier leur statut pour sauver la SNCF. Un marché de dupe à leurs yeux, qui les fait passer pour des privilégiés. Un cheminot, qui n’a pas souhaité apparaître nommément, nous fait part de sa réaction indignée face à un dénigrement de la SNCF qui est aussi un dénigrement des cheminots. Des tweets picorés sur un réseau social en ébullition montrent qu’il n’est pas le seul à penser de cette façon.
@lddj289 févr. En réponse à @Guinebow @SNCF @Love_Saint_Laz Ah ouai et vous ne parlez même pas des trains remis en service le soir car plus de bus et tram…. Mais non, c’est tellement mieux de buzzer en faisant du #SNCFBashing
Ils sont furieux, les cheminots ! Furieux de voir que le débat sur l’avenir de la SNCF ne se focalise plus, désormais, que sur un seul aspect : leur statut. Comme si ledit statut était aujourd’hui le grand responsable de la dette. Comme s’il se trouvait à l’origine de tous les maux dont souffre aujourd’hui le chemin de fer en France. Comme s’il était l’alpha et l’oméga de toute réforme.
@sabletoquin 17 févr. Ben voyons …… et c’est parce que les #cheminots terminent à 17h que les #trains circulent 24/24 ….. @sncf cessez de laisser raconter n’importe quoi dans les médias , assumez , démentez…. #SNCFBashing
Les cheminots ont vite compris que ce resserrement du débat avait pour effet immédiat de les faire passer, aux yeux de l’opinion publique, pour les privilégiés qu’ils n’ont jamais été. Des privilégiés dont les « nombreux avantages » seraient in fine à la charge d’un contribuable bien peu payé en retour, si l’on considère les retards, suppressions de trains, et autres dégradations de la production auxquels les voyageurs sont confrontés au quotidien ! Ce mélange des genres a de quoi excéder les cheminots attachés à l’entreprise, qui s’évertuent à faire de leur mieux pour que les trains continuent de rouler, alors que l’environnement institutionnel leur est de plus en plus hostile. Mais au fait, de quels « avantages » parle-t-on ? On dit que « les cheminots partiraient tous à 55 ans, voire 50 ans, avec une retraite voisine de leur dernier salaire », alors que, soumis eux aussi aux règles du nombre d’annuités, ils doivent souvent travailler désormais jusqu’à 65 ans pour éviter une décote importante. Et si leurs détracteurs ajoutent toujours que le calcul de la retraite s’effectue, à la SNCF comme partout dans la fonction publique, sur la base des six derniers mois travaillés, ils omettent étrangement de préciser que la part très importante des primes dans la rémunération globale, au demeurant souvent inférieure, à qualification équivalente, à celles d’autres corporations