Pourquoi est-on passé d’un recours à la sous-traitance ponctuelle liée à des pics d’activité à une sous-traitance structurelle pour réaliser les chantiers sur le réseau ferré ? Pour répondre à cette question, la CGT Cheminots s’est appuyée sur une étude menée en plusieurs étapes depuis août 2016 par le cabinet Degest et commandée par le comité d’entreprise Maintenance et Travaux.
Selon l’organisation syndicale qui a présenté mi-octobre les conclusions de cette étude, alors que la direction justifie le recours à la sous-traitance pour des questions d’économies, le cabinet Degest estime au contraire qu’elle générerait un surcoût de 10 %.
Selon Cédric Robert, le secrétaire fédéral chargé de la communication à la CGT Cheminots, depuis plus de 10 ans, l’entreprise a développé le recours la sous-traitance, touchant tous les métiers. Aujourd’hui, 35 % de l’activité de SNCF réseau serait sous-traitée. De son côté, Hervé Gomet, élu au comité central, rappelle que la SNCF sous-traite actuellement 5 milliards d’activités, dont 3 milliards pour la partie travaux avec des contrats « clés en main ». Et la tendance devrait s’amplifier. Interrogé par La Vie du Rail sur les surcoûts évoqués par le syndicat, SNCF Réseau explique que « l’appel à des entreprises partenaires permet de favoriser l’innovation technologique et de profiter de la capacité des prestataires à apporter des méthodes nouvelles de réalisation des travaux ». Mais selon le syndicat, « les sous-traitants ne sont pas autonomes et génèrent des coûts d’accompagnement et d’encadrement par SNCF Réseau. On s’aperçoit que beaucoup de chantiers sont mal réalisés. De plus, les matériaux sont parfois de moins bonne qualité que ceux qu’emploierait la SNCF ».
Sur les 1 000 chantiers menés en 2017, 15 % auraient fait l’objet de malfaçons ou de reprises par des cheminots. « Bien que 32 entreprises sous-traitantes aient fait l’objet de sanctions pour malfaçons, ou non respect des règles de sécurité, SNCF réseau persiste dans cette politique », s’inquiète le syndicat qui pointe des conséquences néfastes : « outre les effets sur la réduction de l’emploi cheminot, l’externalisation des missions de maintenance a entraîné une perte des savoir-faire, la diminution du parc de matériels nécessaires à l’exercice de nos missions et des problèmes de qualité et de sécurité dans l’exécution des chantiers sous-traités ».
Les syndicalistes mettent aussi en cause la sécurité des chantiers, alors que deux accidents mortels sont survenus début octobre, quasiment à 24 heures d’intervalle, l’un dans les Hautes-Pyrénées, l’autre tout près de la gare de Paris-Saint-Lazare. « En 2017, 852 accidents du travail se sont produits sur des chantiers », affirme Hervé Gomet, qui réclame des explications écrites aux présidents Pepy et Jeantet, et souhaite la réintégration, dans la SNCF, des 9 000 salariés travaillant dans le privé en lien avec le ferroviaire, alors que la SNCF a supprimé au fil du temps 10 000 emplois de cheminots dans la maintenance et la régénération.