Le 2 juillet, Bordeaux va se retrouver dans la banlieue d’Angoulême », plaisante Jean-François Dauré, le président (PS) d’un nouveau « GrandAngoulême » passé en janvier de 16 à 38 communes et 141 000 habitants. L’élu n’est pas loin de penser qu’il a touché le gros lot. Et salue en tout cas une véritable conjonction astrale. « La LGV est une chance extraordinaire. Parce qu’elle s’ajoute à la création de la grande région Nouvelle-Aquitaine dans laquelle Angoulême se retrouve équidistante des trois anciennes capitales régionales Poitiers, Limoges et Bordeaux. » Bordeaux ne sera plus qu’à 35 minutes. Et Paris à 1 heure 45. « Angoulême est devenu un épicentre. » Le président l’assure, « il croule déjà sous les demandes d’espaces de réunions et de travail. Que ce soit de la part d’entreprises ou d’administrations « On se retrouve entre autres au coeur de trois CHU, quatre universités (cinq en comptant La Rochelle) », énumère-t-il…, qui toutes trouvent commode de se retrouver ici à mi-chemin. »
Mais c’est installer des entreprises que souhaite Angoulême grâce à sa nouvelle situation géographique. Les plans sont tracés pour un nouvel écoquartier de 33 hectares autour de la gare de 25 000 m2. Un pôle économique et de loisirs qui proposera notamment un hôtel de 70 chambres, un business center avec bureaux, espaces de coworking et espaces incubateurs. Et puis des commerces et des logements. Premières livraisons en 2019. « Pas moins de huit aménageurs constructeurs s’étaient mis sur les rangs pour l’appel d’intérêt », se félicite Jean-François Dauré. Secteurs visés : ceux, à la fois industriels et culturels, de l’image et du son, de l’animation, de la vidéo, du numérique… dans le sillage du fameux festival de bande dessinée. Un secteur de pointe qui a relayé l’ancienne tradition de la papeterie dans un Angoulême qui accueille déjà des écoles supérieures de formation dans tous ces domaines. Et puis « il faut savoir qu’Angoulême reste aussi, rappelle-t-il, au coeur d’un bassin industriel important qui a su s’adapter et finalement plutôt résister à la crise, les moteurs électriques avec Schneider, l’armement… » L’immobilier commercial y est cinq fois moins cher qu’à Bordeaux, quatre fois moins qu’à La Rochelle. Cela ne se sait pas assez, concède Jean-François Dauré. « Il faut combler ce manque d’information, dit-il, car les entreprises qui découvrent ici la douceur de vivre en Charente, veulent rester. »
Outre une importante étoile TER en cours de modernisation, dix TGV vont emmener les voyageurs chaque jour à Montparnasse et Massy. Avec deux directs. Et il y aura sept TGV depuis Paris dont deux directs. Sur l’autre côté de la ligne, on comptera 14 Angoulême – Bordeaux dont 11 directs et 15 Bordeaux – Angoulême dont 11 directs. Une distribution dont les élus qui ont guerroyé se disent finalement « satisfaits ». Même si Jean-François Dauré compte remonter au créneau grâce à la clause de revoyure sur « un premier TGV du matin qui, selon lui, arrive trop tard à Bordeaux à 9h30. Sinon, les TER restent intéressants », menace-t-il. La gare d’Angoulême espère à terme voir sa fréquentation totale passer de 1,5 million de voyageurs à 2,5 millions. Elle est au coeur du pôle qui doit revitaliser un bas quartier de la ville jusqu’ici peu amène. Et elle est encore en chantier, déplore l’élu. Elle a été repensée avec une nouvelle ouverture, un nouveau parvis à l’ouest. Le parvis principal à l’est assure l’intermodalité accueillant les bus, les voitures, les vélos, les taxis et le désormais incontournable covoiturage. Avec, nouvelle pointe d’humour au beau milieu : l’obélisque Goscinny planté l’an dernier pour saluer le dessinateur. « Sauf que la passerelle piétons indispensable entre les deux côtés, pour relier notamment la médiathèque l’Alpha et une « Percée verte » descendant doucement vers les rives de la Charente, ne sera pas au rendez-vous du 2 juillet, déplore l’élu. Il va falloir en attendant réfléchir à un système de navettes compliqué ».
La SNCF « nous a fait savoir de longue date qu’elle ne serait pas en mesure technique de commencer à la construire avant 2018 ». Bref, à Angoulême, la SNCF aurait plutôt un peu coincé la bulle.