La plateforme Netflix a mis en ligne le 23 février dernier le documentaire 11 M : Les attentats de Madrid. Réalisé par José Gómez, le film s’inspire du livre 11-M. La vengenza d’Al-Qaeda, du politologue espagnol Fernando Reinares (“11-M. La vengeance d’Al-Qaida”, non traduit en français).
Jeudi 11 mars 2004, un peu après 7 h 30 du matin 10 bombes synchronisées explosent dans les voitures de quatre trains à l’approche d’El Pozo, Santa Eugenia, Calle Téllez et Atocha. Aucun appel anonyme, aucune alerte à la bombe : l’attentat surprend la foule des usagers à l’heure de pointe. En quelques minutes, l’Espagne plonge dans l’horreur. Bientôt, l’information fait le tour du pays, puis le tour du continent.
José Gómez a interrogé de nombreux témoins pour revenir sur ce terrible évènement. Rescapés, conducteur de train, membres des forces de l’ordre ou des équipes de secours, journalistes suivant l’affaire à l’époque : ils reviennent sur ce jour funeste des années après, mais semble toujours aussi émus.
Le drame terroriste prend rapidement une tournure politique. Aussitôt après le drame, le ministre de l’Intérieur, Angel Acebès, accuse l’organisation clandestine basque ETA, qui depuis 30 ans commet en Espagne des attentats et des assassinats ciblés pour obtenir l’indépendance du Pays basque.
Malgré une revendication d’Al-Qaida, le gouvernement espagnol persiste à accuser l’ETA. La police trouve des indices sur une filière marocaine du groupe islamiste basée dans les faubourgs sud de Madrid, mais rien n’y fait. Le président du Conseil, José Maria Aznar, ira même jusqu’à appeler personnellement les rédactions de plusieurs quotidiens en affirmant avoir la certitude que le mouvement terroriste basque est derrière ces attaques. Il évoquera une hypothétique collusion entre cette mouvance et ETA.
Trois bombes qui n’ont pas explosé sont retrouvées par les forces de sécurité. L’une d’entre elles mettra les enquêteurs sur la piste d’une cellule espagnole d’Al Qaeda. L’Espagne d’Aznar étant en première ligne de la coalition emmenée par Georges Bush Jr pour intervenir en Irak et faire la chasse aux fameuses « armes de destruction massive » de Saddam Hussein. Un choix largement critiqué dans le pays qui connait d’importantes manifestations anti-guerre. Trois jours avant les élections, on comprend mieux l’empressement du gouvernement du Parti Populaire à faire porter le chapeau aux radicaux basques. Le dimanche 14 mars, se déroulent comme prévu les élections législatives. Le Parti populaire sortant était donné en tête dans les sondages. Mais, c’est le PSOE du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero qui remporte les élections.
L’attentat du 11 mars demeure un traumatisme pour l’Espagne. Le bilan est terrible : 192 morts – la dernière victime décédant 10 ans après un long coma – et près de 2 000 blessés. Il s’agit ainsi du pire attentat qu’ait connu l’Espagne sur son sol et le plus meurtrier jamais survenu en Europe.
A voir sur Netflix
11 M : Les attentats de Madrid de José Gómez. Espagne. (2022)
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Cet article est tiré du numéro 3875 de La Vie du Rail.
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