En janvier, la direction de Getlink (ex-Eurotunnel) réunissait les acteurs du transport transmanche à la résidence parisienne de l’ambassadeur d’Allemagne. Avec l’objectif de se préparer pour maintenir une certaine fluidité du trafic après le Brexit…
A priori, la résidence de l’ambassadeur d’Allemagne en France est un drôle d’endroit pour une rencontre dédiée aux transports transmanche après le Brexit, qui s’est déroulée trois jours après le rejet par le parlement britannique du plan négocié par Theresa May avec l’Union européenne. Mais le choix de cette adresse se comprend dès que l’on rappelle que l’Allemagne est le premier partenaire commercial du Royaume-Uni (139 milliards d’euros en 2016), devant la Chine et les États-Unis. Et en effet, l’Allemagne importe pour 46,7 milliards d’euros de produits britanniques, alors que dans l’autre sens, le Royaume-Uni est le troisième marché d’exportation pour l’Allemagne (92,8 milliards d’euros en 2016).
Ce rappel a été fait le 18 janvier par François Gauthey, directeur général délégué de Getlink, en remplacement du PDG Jacques Gounon, ce dernier ne pouvant pas être présent à Paris, devant recevoir Édouard Philippe à Calais pour présenter les préparatifs du côté français du tunnel sous la Manche en vue d’un Brexit sans accord. Le lien fixe transmanche joue un rôle de premier plan dans les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Allemagne, avec 22 % du flux total, soit 16,2 % dans le sens Allemagne Royaume-Uni et 33,7 % dans le sens Royaume-Uni Allemagne.
Ce déséquilibre s’explique en partie par le fait que les exportations allemandes sont demandeuses de transports « juste à temps » (pièces automobiles pour l’industrie britannique, matériel informatique), transports que le tunnel sous la Manche a rendus possible depuis presque 25 ans. « À la fois tunnel ferroviaire et autoroute roulante, le tunnel sous la Manche a totalement changé l’ancrage de la Grande-Bretagne au continent, résume François Gauthey. Il fonctionne 24 heures sur 24, avec une disponibilité record, et fait passer jusqu’à un train toutes les trois minutes, tous trafics confondus, ce qui est un record mondial. Avec un départ toutes les 10 minutes en pointe pour nos navettes de 800 m de long, qui peuvent transporter 36 camions, on met 1 heure 30 d’autoroute à autoroute. »