Dans l’épisode d’Invitation au voyage de ce vendredi, Arte nous emmène à la découverte de la ligne Maginot. Lancée en 1930 par le ministre André Maginot, cet ensemble de fortifications descendait de la mer du Nord jusqu’à la Méditerranée. Chantier colossal coûtant quelque 3 milliards de francs, somme considérable à l’époque, la ligne de fortifications censée protéger le territoire national des agressions extérieures est construite en un temps record. C’est le traumatisme de la bataille de Verdun et le souvenir de l’efficacité de son fort qui inspirent aux hommes politiques la construction de la ligne de défense.
En Moselle, nous découvrons le fort du Hackenberg, le plus grand ouvrage de la ligne de défense, en compagnie de Claude Poesy, président de l’association Amifort dont les membres œuvrent depuis 45 ans à la sauvegarde de ce patrimoine militaire unique. Les installations prennent en compte tous les progrès techniques de l’époque. Chauffage central, douche chaude, véritable « palace » militaire, le fort du Hackenberg devient la vitrine de la nouvelle défense. Des personnalités françaises et étrangères visitent l’édifice.
Pour nombre de soldats, ce confort est supérieur à celui qu’ils connaissent dans leur propre foyer, souvent démuni de l’eau courante et de l’électricité. Magasins à munitions, cuisines, usine électrique (avec ses groupes électrogènes toujours en état de marche), chambrées, infirmerie et caserne… l’infrastructure est impressionnante. Un petit train électrique permettait de transporter les armes et les munitions, vers les blocs de combat, les puissantes tourelles d’artillerie et les canons sous casemate (aujourd’hui, il permet aux visiteurs de parcourir les 10 km de galerie que compte l’ouvrage). Ce fort a ensuite servi de prototype pour de nombreux autres ouvrages construits tout au long de la ligne de défense.
Dans le camp d’en face, en Allemagne, la propagande chante les louanges d’une autre ligne « infranchissable », la ligne Siegfried. Mais finalement ces systèmes de défense n’auront que peu d’utilité pour les deux camps. Surtout pour l’armée française qui voit les soldats allemands envahirent la Belgique et s’enfoncer dans la forêt des Ardennes, le grand point faible de la ligne Maginot. Plus de 800 blindés allemands la traversent en empruntant les chemins forestiers, prenant ainsi à revers les défenses de l’armée française. La ligne Maginot est alors pointée du doigt, désignée responsable de la défaite. Aujourd’hui, plusieurs associations tentent de réhabiliter l’ensemble de fortifications… Un autre reportage aux accents ferroviaires est proposé dans cet épisode et nous emmène à Cincinnati, dans l’Ohio. Une ville où nous visitons l’impressionnante gare art déco aujourd’hui transformée en musée qui embellit une cité et raconte également une histoire : celle de l’émancipation des esclaves afro-américains grâce à l’Underground Railroad, le chemin de fer clandestin. Le mouvement abolitionniste était particulièrement dynamique dans l’Ohio, où les rives de la rivière éponyme constituaient une frontière naturelle entre le Kentucky esclavagiste et l’Ohio abolitionniste. Le Chemin de fer clandestin ne connaissait ni rails, ni gares, ni trains, mais il doit son nom à l’usage de la terminologie ferroviaire qui permettait de se retrouver dans ce réseau complexe de caches, de complices, de routes. Ainsi, les caches étaient des « stations » ou des « dépôts », les « chefs de train » étaient les passeurs chargés de convoyer les esclaves en fuite. Les propriétaires de ces lieux de repos étaient des « Chefs de gare », tandis que les esclaves en fuite étaient des « passagers » qui devaient obtenir un « ticket » pour effectuer ce long voyage. Les bienfaiteurs qui faisaient des dons au réseau étaient, quant à eux, appelés les « actionnaires ». Une terminologie qui démontre l’importante organisation du réseau. Certaines estimations chiffrent entre 30 000 et 100 000 le nombre d’esclaves qui ont bénéficié du réseau pour trouver la liberté et une vie meilleure dans le nord des États-Unis et surtout au Canada. Le voisin du nord constituait en effet l’ultime refuge aux évadés des plantations du sud, surtout après le vote d’une loi sur les fugitifs en 1850 qui permettait aux propriétaires d’esclaves de recouvrer leur « bien » au-delà de leur Etat.
Vendredi 21 janvier à 17 h 40 sur Arte.
Invitation au voyage – La ligne Maginot, colosse de béton aux pieds d’argile – Depuis Cincinnati, en route pour la liberté. Émission présentée par Linda Lorin.
ARTE France, Éléphant Doc. France. (2022)
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Cet article est tiré du numéro 3867 de La Vie du Rail.
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