Plus de 20 % de trafic supplémentaire sans construire une seule ligne supplémentaire : c’est le pari lancé par Richard Lutz, le président de la Deutsche Bahn (DB). Dans 10 à 15 ans, l’ensemble du réseau de la compagnie ferroviaire allemande devra en effet être géré numériquement. « Le réseau sera plus fiable et les trains plus ponctuels », a promis le patron de la DB aux salariés du groupe. L’outil principal pour atteindre cet objectif sera le système européen de contrôle des trains (ETCS) appliqué sur 2 700 kilomètres de réseau (il est utilisé actuellement seulement sur la nouvelle ligne Berlin-Munich). « Cette technique permettra de supprimer 160 000 signaux et une grande partie des 400 000 kilomètres de câbles », a expliqué Richard Lutz. Par ailleurs, la DB prévoit de numériser l’ensemble de ses postes d’aiguillage dont certains datent encore du temps de l’Empire (attelage manuel des wagons et poste d’aiguillages à commandes individuelles). Ces postes seront reliés au système ETCS.
La compagnie allemande refuse actuellement de chiffrer le coût de cette transition évaluée par les experts du secteur de 20 à 30 milliards d’euros. Mais elle a l’objectif de devenir le leader des systèmes numériques en coopérant étroitement avec l’industrie (Siemens, etc.). « Notre pays est un site important de construction ferroviaire. Dans un contexte de concurrence, l’avance technologique est un facteur déterminant », résume Kerstin Eckstein, une porte-parole de l’entreprise.
Pour familiariser le personnel aux nouvelles méthodes de communication, Martin Seiler, le DRH de la Deutsche Bahn (ancien manager de Deutsche Telekom), a décidé d’équiper d’ici 2019 plus de 60 000 employés de smartphones ou de tablettes. La DB a également signé un « pacte numérique » avec le comité d’entreprise pour désamorcer en amont les potentiels conflits en promettant aux salariés les « dividendes de la numérisation ». Ainsi, les employés de la DB bénéficieront des gains de productivité sous forme d’une offre de formation et de temps libre. Par ailleurs, un employé perdant son emploi à cause de la transition numérique aura le droit à une formation pour pouvoir changer de poste, ce qui équivaut à une garantie de l’emploi.