L’une des entreprises à s’être emparé du concept de transports ultrarapide imaginé par Elon Musk a implanté son centre de recherche sur le site de l’ancienne base aérienne de Francazal.
Quinze mois après la signature avec l’État français et Toulouse Métropole d’un accord pour l’implantation du centre de recherche européen d’Hyperloop Transportation Technology (HTT) sur l’ex-aéroport de Francazal à Toulouse, le projet de la société californienne est entré dans une phase concrète : plusieurs tubes de 65 tonnes, 20 mètres de long et 4 mètres de diamètre sont arrivés à Toulouse le 11 avril afin de construire la première piste d’essai de ce transport subsonique du futur. Six autres convois seront nécessaires pour acheminer le reste des tubes qui permettront à HTT de réaliser cette année une première piste d’essai au sol de 320 mètres de long. L’arrivée du prototype de capsule de 30 mètres de long pour le transport de 28 à 40 passagers, construit en Espagne par Carbures, entreprise spécialisée dans les matériaux composites pour l’aéronautique, est annoncée pour l’été. D’ici 2019, c’est une piste d’un kilomètre installée sur 25 pylônes à 5,8 mètres du sol qui verra le jour. « Hyperloop n’est plus un concept, mais est devenu une industrie commerciale », a commenté Bibop Gresta, président d’HTT, dans un communiqué. Le 12 avril, le conseil de Toulouse Métropole a aussi approuvé une délibération portant sur un bail à construction signé avec HTT et l’État en vue de la reconversion de l’ancien mess des sous-officiers de Francazal en centre de recherche et de développement, ainsi qu’une partie de la voie royale pour accueillir les pylônes de la piste d’essai.
La collectivité, qui s’est engagée à devenir propriétaire du site, entamera prochainement les travaux de dépollution chimique et pyrotechnique préalables à l’implantation des pylônes, pour un coût de 300 000 €. Hyperloop TT est une des entreprises qui s’est saisie du concept d’Hyperloop imaginé en 2013 par Elon Musk, qui projette de transporter des passagers ou des marchandises dans des capsules propulsées par un champ magnétique généré par des moteurs à induction, au sein d’un tube sous basse pression, à des vitesses pouvant atteindre 1 100 km/h en pointe. Elle a en face d’elle plusieurs concurrents comme Hyperloop One ou TransPod.
Son système Inductrack de sustentation magnétique passive de dernière génération permet une faible consommation d’énergie. HTT annonce aussi le développement d’un matériau pour recouvrir les capsules « 8 fois plus résistant que l’aluminium et dix fois plus que les alternatives en acier » appelé Vibranium (un clin d’oeil au métal imaginaire utilisé dans les bandes dessinées Marvel).
HTT a choisi Toulouse pour implanter son centre de recherche européen à cause d’un environnement d’innovation et de recherche favorable. «Toulouse est le centre des technologies aérospatiales en Europe, qui sont parallèles à notre activité, notamment sur les questions d’aérodynamisme mais aussi de transports, avec une concentration de matière grise que l’on ne trouve pas partout », soulignait au moment de la signature de l’accord Dirk Ahlborn, le co-fondateur et CEO d’HTT, un ancien de l’entreprise d’Elon Musk Space X. En novembre dernier, dans les locaux du pôle Aerospace Valley, 56 entreprises avaient manifesté leur intérêt pour collaborer sur le projet d’hyperloop et 33 avaient été sélectionnées par HTT.
La startup a noué des partenariats et lancé des études de faisabilité dans neuf pays (dont la Chine, l’Inde et les Émirats Arabes Unis).
Elle a signé un accord dans l’Ohio aux États-Unis en février et un autre en vue de l’implantation d’un centre de recherche et de développement dédié au fret à Contagem au Brésil le 9 avril. À Toulouse, elle s’est engagée à investir 40 millions d’euros dans les prochaines années. Huit ingénieurs travaillent déjà à Francazal et l’entreprise espère en compter 15 d’ici fin 2018 et 50 salariés à terme.