La Deutsche Bahn (DB) n’a pas été insensible aux critiques du comité d’entreprise qui lui reprochait une « stratégie suicidaire ». Début juillet, les syndicats avaient en effet réagi vivement aux déclarations d’Alexander Dobrindt, le ministre allemand des Transports et des Travaux publics, qui annonçait une diminution de 50 % du péage marchandises (350 millions d’euros de moins à partir de 2018) pour permettre au secteur de reprendre des parts de marché à la route. « C’est l’aide la plus importante de ces dernières décennies pour le fret ferroviaire », s’était félicité le ministre.
Relancer l’activité marchandises par une baisse du péage alors que la Deutsche Bahn avait engagé un programme d’économie et de réduction des effectifs ? Pour le comité d’entreprise, cette annonce était ni plus ni moins une « déclaration de faillite » de la direction alors que la compagnie n’était même pas en mesure de répondre actuellement à la demande. « Les locomotives et le personnel manquent à l’appel. Les clients seront très déjà très déçus », avait constaté le comité d’entreprise.
DB Cargo, plongé dans une grave crise, a réduit sa part de marché de 75 à moins de 60 % en cinq ans. Le conseil de surveillance de la DB a donc fait savoir jeudi 13 juillet que la DB choisissait l’investissement plutôt que la banqueroute. Les effectifs seront augmentés de 700 personnes et la compagnie achètera 4 000 wagons marchandises et 60 locomotives. Ce revirement surprise n’a pas été démenti par la direction de la DB. « Nous donnerons des détails très rapidement », assure un porte-parole de DB Cargo. La compagnie avait pourtant arrêté un plan de licenciements et des mesures d’économies dans le secteur des marchandises. En février dernier, le management et le comité d’entreprise s’étaient même mis d’accord sur une réduction de 2 000 postes sur les 18 000 existants. « Il n’était pas imaginable de voir des trains rester à quai à cause du manque de personnels et de matériels roulants et de refuser, pour cette raison, les commandes des clients », a déclaré Alexander Kirchner, le patron de la grande organisation syndicale des cheminots EVG (Eisenbahn & Verkehrsgewerkschaft) à la sortie de cette réunion du conseil de surveillance. Cette rencontre improvisée avait d’ailleurs été organisée à la suite d’une plainte de la clientèle, notamment des milieux de l’industrie sidérurgique qui dénonçaient une baisse de la qualité des services.
Pour autant, la DB n’abandonne pas son plan de réduction du personnel. Mais les coupes se feront uniquement dans l’administration et non plus dans les services opérationnels où DB Cargo prévoit désormais d’embaucher des conducteurs de locomotives et des agents de manoeuvre.