À un mois du Brexit, Getlink se veut confiant. C’est le principal message diffusé lors de la présentation le 21 février des résultats enregistrés en 2018 par le groupe anciennement baptisé Eurotunnel. Avec un chiffre d’affaires en hausse de 5 % (à plus d’un milliard d’euros), un Ebitda en croissance de 9 % (569 millions d’euros) et un bénéfice qui fait un bond de 16 % (à 130 millions d’euros), l’année 2018 est « exceptionnelle », a affirmé Jacques Gounon, le PDG de Getlink.
D’où l’optimisme affiché, de nature à rassurer les marchés. « Avec ces résultats qui dépassent les attentes du marché, le groupe aborde le Brexit sur des bases solides », a insisté Jacques Gounon.
Dans les prévisions 2019, l’année est toutefois abordée sous l’angle de la prudence par le gestionnaire du tunnel sous la Manche, en première ligne face aux risques qui pèsent sur les échanges franco-britanniques. Les transporteurs qui voudront emprunter le tunnel devront se mettre en conformité avec les nouvelles règles douanières, ce qui pourrait avoir une incidence sur le trafic si certains ne sont pas prêts et se font refouler à la frontière. Getlink a prévu de dépenser sept millions d’euros pour embaucher des personnels, principalement des intérimaires, pour scanner des documents douaniers et accompagner les camionneurs.
Les incertitudes persistantes sur les modalités du Brexit (on devrait être fixé le 29 mars) conduisent à anticiper « vraisemblablement » des perturbations au cours du deuxième trimestre. « Sur le moyen et long terme, tout sera rentré dans l’ordre », assure Jacques Gounon. Selon lui, dès le deuxième semestre, les douaniers auront retrouvé leurs marques.
« Quel que soit le cas de figure, Brexit mou ou Brexit dur, nous ne changerons pas notre stratégie commerciale », ajoute-t-il. Dans le premier cas, avec un Brexit mou, Getlink envisage de perdre dix millions d’euros de revenus. Dans le second cas, 20 à 25 millions d’euros. « En termes de croissance, 2019 sera une année blanche, c’est notre hypothèse de base. Nous restons très prudents. Et on aura toujours le temps en juillet de dire que nous étions pessimistes et que cela se passe mieux que prévu », conclut Jacques Gounon.