Le directeur général adjoint de la SNCF avait annoncé le 17 avril que 100 000 places de TGV restaient à vendre les 18 et 19 avril, en pleine période de vacances scolaires. Le groupe cherche désormais à convaincre les voyageurs de remonter à bord des trains.
La Vie du Rail. Malgré les grèves à répétition qui s’annonçaient très perturbatrices, la SNCF a pour le moment bien géré – et tenu – le planning des circulations des trains et l’information voyageurs. Avez-vous adopté de nouvelles méthodes ?
Mathias Vicherat. Ce qui a changé par rapport à d’autres conflits, c’est que nous nous sommes engagés à publier l’intégralité du plan de transport chaque veille de journée de grève, à 17h. Nous connaissons alors tous les trains disponibles et nous nous adaptons en permanence, en fonction des jours, des besoins et des réservations. Un exemple : les 7 et 8 avril, week-end de départ en vacances, nous avons donné la priorité aux TGV, notamment aux TGV Méditerranée. En semaine, nos renforts vont plutôt sur les relations domicile – travail, prioritairement les TGV Paris – Lille ou Paris – Rennes, et bien sûr sur les Transilien. Hier et aujourd’hui par exemple [les 18 et 19 avril, ndlr], un Transilien sur deux circulait.
De plus, nous disposons des coordonnées de 95 % des voyageurs qui avaient fait une réservation un jour de grève (ce taux était de 60 % il y a 3 ans), nous avons donc pu engager une démarche proactive pour les informer et leur indiquer si leur train était garanti ou pas. Tout cela a permis aux voyageurs de ne pas se retrouver par centaines dans les gares à attendre des trains qui n’arrivaient pas forcément. Il n’y a donc pas beaucoup de monde dans les gares les jours de grève. Un sondage que nous avions commandé et qui est sorti il y a une petite semaine montre que 71 % des Français jugent que la SNCF gère bien la situation. C’est très positif.
LVDR. Mais aujourd’hui, la conséquence, c’est que les voyageurs ont déserté les gares et se sont tournés vers d’autres modes. Vous annonciez hier 100 000 places libres encore vendre dans les 48 heures dans les TGV. Comment faites-vous pour inciter les voyageurs à revenir ?
M. V. C’est vrai, une partie de nos clients se sont organisés différemment. Par exemple sur IDVroom qui fait partie du groupe SNCF, les réservations ont été multipliées par 20 ! Cela montre que nous avons réussi à proposer à nos clients des solutions alternatives. Mais l’enjeu aujourd’hui est de les ramener vers le train. Nous avons par exemple lancé une campagne de tarifs Prem’s à 25 euros sur une dizaine de destinations en avril pour rendre le train attractif. Nous avons rouvert à la réservation tous les trains, y compris durant les jours de grève. Jusque-là, nous avions fermé les réservations par principe de précaution car nous ne voulions pas faire de surpromesses, ni nous retrouver avec des trains archibondés. Mais nous n’avons jamais été amenés à modifier nos plans de transport. Aujourd’hui nous savons que nous pouvons anticiper la disponibilité du matériel pendant les jours de grève. Le principe c’est qu’un train ouvert à la réservation est un train garanti.
LVDR. Combien de places avez-vous finalement vendues sur les 100 000 disponibles ? Et le manque à gagner est-il de ce fait encore plus important que prévu ?
M. V. Je ne connais pas encore le chiffre, ni le montant de ce manque à gagner. On estime actuellement le coût de la grève à 20 millions d’euros par jour. Ce qu’il ne faudrait pas, c’est que la grève conduise à un détournement durable du train.