Dans la perspective de l’ouverture à la concurrence des TER, le loueur de trains, Alpha Trains, vient de créer une filiale en France. Vincent Pouyet, qui était auparavant directeur des ventes chez Bombardier France, a pris la tête d’Alpha Trains France. Il explique à La Vie du Rail ses objectifs.
La Vie du Rail. Alpha Trains arrive en France avec quelles ambitions ?
Vincent Pouyet. Alpha Trains est le leader européen de la location de trains. Notre flotte comporte 370 locomotives et 435 trains voyageurs (principalement des automotrices diesel et électriques, et principalement des trains régionaux de toutes capacités) qui circulent dans 15 pays en Europe. Ce qui représente un actif d’une valeur de plus de 2,5 milliards d’euros. Le marché des trains régionaux se prête bien à la location. Ce modèle a démontré sa pertinence en Allemagne avec l’ouverture à la concurrence. Nous souhaitons dupliquer ce succès en France, où le marché ferroviaire de voyageurs est le deuxième d’Europe.
LVDR. Comment réagissent les régions à votre arrivée ?
V. P. Nous avons commencé à prendre des contacts avec les autorités régionales pour leur expliquer que notre système de location est simple et efficace. Nous voulons les écouter pour comprendre leurs besoins. De leur côté, elles se montrent intéressées et cherchent à savoir comment fonctionnent les autres modèles européens. Elles vont en effet devoir fortement s’impliquer pour ouvrir leurs TER à la concurrence.
LVDR. Quels sont vos arguments pour les convaincre ?
V. P. Nous achetons nous-mêmes nos trains aux meilleurs prix, grâce à nos vingt années d’expérience et à nos relations suivies avec les constructeurs. Nous apportons notre expertise technique et financière et nos contrats prennent en compte la durée de vie complète du train (qui est d’environ 30 ans). Nous prenons en charge les coûts d’acquisition et de gestion (suivi de la flotte, configuration, gestion documentaire, mise à niveau des rames, éventuellement les programmes de rénovation…). À la fin du contrat, nous reprenons le matériel et nous occupons de sa relocation éventuelle. L’intérêt pour les régions est conséquent : elles peuvent s’appuyer sur notre expertise et nous assumons le risque technique de performance et le risque financier. Les régions ne s’endettent pas et ne prennent pas de risques. Cette solution permet aussi d’organiser une concurrence juste et équitable. Quand des lignes sont mises en concurrence, il ne faut pas que le sujet du matériel soit un avantage pour l’un ou l’autre des opérateurs.
LVDR. Êtes-vous intéressés par d’autres marchés que les TER ?
V. P. Nous nous intéressons d’abord aux trains régionaux. Nous nous intéresserons au cas par cas aux autres marchés. Mais les trains de banlieue et les trains à très grande vitesse sont très spécifiques et se prêtent moins à un modèle de location. Nous assumons l’intégralité du risque performances et de reprise du matériel. Or, si à l’échelle du transport régional, les reprises de matériels sont évidentes, pour les trains à grande vitesse, ce n’est pas encore clair.