Précieux témoignage d’un certain âge d’or du rail, la rotonde annulaire de Montabon est en danger. Depuis sa fermeture, cette merveille d’architecture industrielle et ferroviaire de la fin du XIXe siècle subit les outrages du temps. Une association, la RFVL, qui tente de sauver ce patrimoine unique vient d’enregistrer deux soutiens de poids : l’animateur Stéphane Bern… et la Française des jeux !
La Mission patrimoine lancée par le gouvernement et pilotée par l’animateur Stéphane Bern, qui s’est fait de la vulgarisation historique à l’antenne une spécialité, vient de rendre publique la liste des projets de sauvegarde du patrimoine qui bénéficieront d’une aide financière. Il a notamment lancé l’idée d’un loto spécial pour financer 250 projets à travers toute la France. Ce tirage spécial doit avoir lieu le vendredi 14 septembre 2018. Il a d’abord fallu sélectionner des projets dans toute la France. Dans ce cadre, la Fondation du patrimoine des Pays de la Loire a été chargée de faire le recensement des sites en péril dans la région. La rotonde ferroviaire de Montabon, constitue un témoignage exceptionnel de l’histoire industrielle de la région de la fin du XIXe et du début du XXe siècles. La beauté de son architecture et la préservation de ses caractéristiques ferroviaires premières en font un patrimoine industriel essentiel à défendre. La rotonde a d’abord été placée en tête des 50 dossiers retenus au niveau régional. Et elle a même été retenue le 3 avril dernier à l’Élysée, parmi les 14 projets qui figureront également sur des tickets de grattage de la Française des jeux à l’occasion d’une réunion entre l’animateur et le président de la République. Ils seront mis en vente à partir du 3 septembre.
Pourquoi une telle mobilisation ? Parce que cette rotonde est unique. La petite ville de Château-du-Loir est située à l’intersection des lignes Le Mans – Tours, mise en service par la compagnie « Paris-Orléans » en 1858, et Paris – Bordeaux, mise en service par l’État et ouverte en 1886. En 1889, le réseau de l’État décide d’y construire une rotonde annulaire, mais l’absence de terrain suffisant oblige les promoteurs du projet à construire la nouvelle infrastructure sur la commune voisine de Montabon. Celle ci est mise en service en 1891. Conçu avec une rotonde de 10 voies intérieures sur fosse et tout un faisceau de lignes extérieures, ce dépôt a reçu à l’apogée de son activité jusqu’à 85 locomotives. Un pont tournant long de 24 m permettait de manoeuvrer ces lourdes géantes au gré des besoins.
Victime des bombardements de la guerre de 1939-1945, puis de la modernisation des réseaux SNCF, la rotonde de Montabon est définitivement fermée en 1954. En 1970, les voies et certaines installations disparaissent. Ce témoignage essentiel de l’histoire ferroviaire est à l’abandon, même si on y entrepose encore des engrais à l’occasion, et subit une lente agonie. La SNCF met en vente le site en 2009.
La configuration pratiquement d’origine des installations et le raccordement au réseau national font de la rotonde un patrimoine ferroviaire unique et ouvre notamment la voie à de futures circulations touristiques. Et c’est d’ailleurs le projet porté par la Rotonde ferroviaire de la vallée du Loir (RFVL), l’association née en 2010 qui s’est investie de cette mission de préservation.
Inscrit au mois d’août 2010 à l’inventaire des Monuments historiques, l’intégrité du site est dorénavant protégé et sa réhabilitation encouragée. La RFVL, propriétaire depuis avril 2017, désire lui donner une nouvelle vie, à travers la préservation, la transmission de cette mémoire ferroviaire et le tourisme. Ainsi le projet consiste à la rénovation et la valorisation du bâtiment, à l’aménagement des accès et de parking pour accueillir dans de bonnes conditions le public, à la création d’un centre d’interprétation de l’histoire et du patrimoine ferroviaire et d’un musée permanent. Également au programme : des opérations de restauration de matériel ferroviaire ancien (la RFVL en possède déjà huit, dont une ancienne voiture de l’Orient-Express), l’organisation d’activités culturelles et surtout la mise en place de circulations de vélorail et de trains touristiques.
L’association qui s’est lancée dans ce travail de titan– le site occupe une surface de 10 000 m2, le bâtiment de 2 500 m2 – bénéficie du soutien de la Fondation du patrimoine et de celui de nombreux bénévoles. Afin de financer la première tranche des travaux, un appel national à souscriptions a été lancé avec le soutien de la Fondation du patrimoine. Vous pouvez ainsi soutenir le projet en faisant des dons. Cette première étape – chiffrée à plus de 150 000 euros – doit notamment permettre la réfection du lanterneau central du grand hall et le remplacement des 10 portes d’accès depuis le pont tournant. Une nécessité pour la préservation du bâtiment et du matériel roulant qui y est abrité.
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