Pour la première fois, la remise des prix du Prix Polar SNCF était ouverte au public. C’est dans un site prestigieux – le studio 104 de Radio France – que Matthias Vicherat, vice-président du groupe SNCF, a accueilli les artistes primés. Le point d’orgue d’un processus commencé des mois auparavant. Une commission de 22 experts présidée par la journaliste Christine Ferniot a sélectionné parmi des centaines d’oeuvres celles qui seront soumises au jugement d’un jury un peu particulier : les internautes.
Du 5 octobre 2017 au 31 mai 2018, ce n’est pas moins de 44 000 votes qui ont été ainsi recueillis, soit une augmentation de 20 % par rapport à l’édition précédente. Un nouveau record qui fait du Prix Polar SNCF, le premier prix décerné par le public en France.
Cette année, trois primés pour trois visions du polar. Première catégorie, le prix du Court métrage a été décerné par Julie Gayet à Speed Dating, de Daniel Brunet et Nicolas Douste. L’occasion de défendre ce format. Une « école » du cinéma que l’actrice et productrice connaît bien : « Le court métrage, c’est une façon d’apprendre, de découvrir. Les frères Lumière ont commencé avec le court métrage ! »
Dans la catégorie Bande dessinée, c’est un grand nom du 9e art, le scénariste Benoît Peeters qui a remis le prix à Bâtard de Max de Radiguès. L’auteur des Cités obscures et de Revoir Paris a rappelé le lien premier qui unit polar et BD, tandis que Max de Radiguès revenait sur son parcours, d’un fanzine autoédité à l’édition chez Casterman et au Prix Polar SNCF 2018.
Enfin, dans la dernière catégorie, celle que l’on qualifie « d’historique », le prix a été attribué à Víctor del Árbol pour son roman Toutes les vagues de l’océan, édité chez Actes Sud. Un livre terriblement noir qui nous emmène dans les confins les plus sombres de l’histoire espagnole et dans ceux d’une famille brisée. Sur la scène, l’écrivain livre sa propre vision du polar : « Un livre est une arme de réflexion. Un polar est une arme de combat. » Un combat contre la résignation. Caryl Férey, primé en 2006 pour son roman Ubu, chargé de remettre à son tour le prix du meilleur Roman avait semble-t-il déjà intégré cet axiome puisqu’il a tenu à s’exprimer sur la dette de la SNCF, défendant l’entreprise publique en rappelant les aides accordées aux banques suite à la crise financière de 2008. Un discours très applaudi par une partie de la salle. Enfin, la soirée s’est achevée en musique, avec un concert de cordes autour des grands thèmes musicaux de polars mythiques du cinéma. Vertigo et Psychose d’Alfred Hitchcock, Peur sur la ville d’Henri Verneuil ou encore Un prophète de Jacques Audiard : autant de démonstrations de l’importance de la musique dans l’élaboration du suspens et de l’ambiance « polar » d’un film.
Pour connaître toute l’actualité culturelle ferroviaire, suivez le Chef de rubrique « Culture Rail » Samuel Delziani sur Twitter.