Dans l’émission Affaires sensibles sur France inter, Fabrice Drouelle revient sur l’incroyable et pénible voyage du « train fantôme », l’un des tous derniers trains de déportés parti de France à l’été caniculaire 1944 en direction du camp de concentration nazi de Dachau. Dans le chaos de la libération, un train de marchandises emmène vers une mort certaine un convoi de déportés. Il mettra 57 jours à atteindre sa terrible destination, disparaissant et se recomposant sans cesse, gagnant ainsi le surnom de « train fantôme ». À son bord, des républicains espagnols et des membres des Brigades internationales qui depuis la fin de la guerre civile espagnole sont détenus dans plusieurs camps du sud de la France. Mais également des hommes et des femmes issus de quasiment toutes les tendances de la résistance du sud de la France. Les hommes et femmes détenus dans le camp du Vernet dans l’Ariège sont déportés dans ce train qu’on qualifiera, quelques années après, de « fantôme ». Ils sont rejoints par les résistants détenus dans les prisons de la région toulousaine, notamment celle de Saint-Michel. 25 femmes résistantes sont également entassées dans ses wagons. Le 3 juillet 1944, le train part de la gare marchandises Raynal de Toulouse. 550 personnes y sont entassées depuis la veille. Le convoi part vers Bordeaux, puis vers Angoulême, mais il doit repartir dans l’autre sens et revient à Bordeaux Saint-Jean. 150 prisonniers du fort du Hâ y rejoignent le train fantôme. Finalement le train repasse par Toulouse et tente de remonter vers l’Allemagne par la Vallée du Rhône. Avec ce récit documentaire, Jean-Marie Barrère nous plonge dans l’enfer de ces wagons scellés, dans la fournaise de ce convoi vers une mort certaine. Un dernier baroud d’honneur de l’occupant nazi, qui a déjà perdu la guerre, mais qui s’entête jusqu’à l’absurde. Son récit s’appuie sur plusieurs témoignages, de cheminots, de rescapés. Dans un deuxième temps, l’écrivain Guy Scarpetta apporte également son éclairage. En 2014, il a notamment publié chez Gallimard (Collection Blanche) : Guido, l’histoire d’un antifasciste italien, exilé en France, Résistant, arrêté, déporté dans l’un des derniers convois : ce « train fantôme » qui mit des semaines à atteindre Dachau, tandis que la France se libérait l’auteur en 2016 du film « Les Résistants du Train Fantôme », (voir LVDR n° 3786 du vendredi 26 juin 2020).
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