À chaque conflit, ils sont là, masses sans noms de victimes poussées sur les routes par les bombes, par les violences, par la répression. Les réfugiés occupent en permanence les pages les plus sombres de la presse mondiale. Pourtant, ils n’ont souvent pas de visage et leur existence semble se limiter à une litanie de chiffres.
Brian Sokol, photographe voyageur dont le travail a été publié dans des titres comme Time Magazine, le New York Times ou encore National Geographic, a décidé de poser à plusieurs réfugiés une question simple : « Qu’emporteriez-vous si vous deviez soudainement fuir votre foyer ? »
Cette question, il l’a posée aux femmes, aux hommes, aux enfants déracinés qu’il a croisés à l’occasion de missions menées auprès du HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, dans des pays qui ont connu violences et déplacements de populations, comme le Soudan, la République centrafricaine, le Mali, l’Angola ou la Syrie. Les réponses sont aussi multiples que les destins jetés sur les routes par les conflits armés, les catastrophes climatiques ou les persécutions. Photo d’un proche, ustensile de cuisine, bijou de famille, chapelet ou livre religieux, l’objet peut être utile, sentimental ou même sacré, il est saisi simplement avec son propriétaire, le tout se découpant sur une toile noire tendue en fond. Depuis 2011, Brian Sokol construit son projet « The Most Important Thing » (La chose l’a plus importante) rencontre après rencontre, portrait après portrait, laissant ainsi une trace en noir et blanc de ces destins accidentés. Il a été exposé depuis dans de nombreux pays et jusqu’au mois de novembre, les voyageurs qui passent par la gare de Paris-Lyon, pourront également découvrir une sélection de ses clichés.
Depuis 1951, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a la difficile mission de « protéger, soutenir et trouver des solutions pour les réfugiés, les déplacés internes et les apatrides ». Les déplacements forcés ont atteint des niveaux records : à la fin de l’année 2016, 65,6 millions de personnes ont été déplacées, soit 300 000 personnes de plus qu’en 2015. En 2017, avec la crise syrienne qui perdure, celle des Rohingyas qui se durcit, celle qui annonce le pire au Burundi, rien ne laisse présager une baisse du nombre de réfugiés dans un futur proche. Il est donc, plus que jamais, utile de rappeler qu’il existe des vies derrière les chiffres.