Mickey Mouse, Bugs Bunny, Donald Duck, Sam le Pirate, Docteur Magoo, Daffy Duck, Popeye, Tom et Jerry, Betty Boop, Woody Woodpecker… autant de héros qui ont marqué l’imaginaire de générations d’enfants (et d’adultes). De la fin des années 20 jusqu’à la moitié des années 60, période de l’âge d’or de l’animation américaine des dizaines de « cartoons » mettent en scène des trains, des métros et des tramways. Une source d’inspiration intarissable pour les créateurs de gags en tout genre !
■ Bosko éprouve les aléas de la vie de Bohème
Réalisé par Hugh Harman et Rudolph Ising, Box Car Blues met en scène l’un des tout premiers personnages de la série des Looney Tunes de la Warner Bros, née le 19 avril 1929 et toujours diffusée aujourd’hui. Bosko est un hobo, ces vagabonds qui arpentaient les États-Unis à la recherche d’un emploi saisonnier, qui voyage dans un wagon de marchandise, en compagnie d’un pauvre cochon joueur de banjo. Le cartoon débute avec un train qui se déforme au rythme de la musique. Pour nos deux voyageurs clandestins le voyage ne va pas être de tout repos…
Box Car Blues de Hugh Harman et Rudolph Ising. Leon Schlesinger Productions (1930).
■ Les joies du tramway
Produit par le grand Leon Schlesinger pour le compte de la Warner Bros et signé par Friz Freleng, ce cartoon met en scène Buddy, un personnage phare du studio à cette époque. Buddy possède son propre tramway dans une grange au fond de son jardin. Il débute son service de bonne humeur, en sifflotant gaiement, mais tout ne va se passer comme il l’entend… Ses ennuis commencent quand il décide de faire une pause pour faire la cour à sa petite amie. Provoquant un gros embouteillage, un agent de police qui assure la circulation vient alors brutalement lui intimer l’ordre d’avancer. Ensuite, alors qu’il pense être tiré d’affaire, une imposante locomotive à vapeur lancée à toute vitesse surgit dans son dos…
Buddy’s Trolley Troubles de Friz Freleng, Warner Bros. Pictures (1934).
■ La mélodie du tram
Produit par Hugh Harman et Rudolph Ising, ce cartoon met également en scène un mécanicien, Foxy (qui ressemble beaucoup à Mickey Mouse), et son petit tramway, tout aussi joyeux que Buddy précédemment cité. Le conducteur de tramway rencontre au fil de son voyage un passager hippopotame qui ne parvient pas à monter à bord, une vache qui bloque les voies et un train lancé à toute vitesse. Pendant tout ce temps, Foxy, ses passagers et des hobos chantent la chanson titre, qui fera le succès de ce cartoon. Elle est d’ailleurs chantée plusieurs fois au cours des sept minutes, par la plupart des personnages.
Foxy – Smile, Darn Ya, Smile ! de Rudolph Ising. Warner Bros. Picture (1931).
■ Le train de la liberté
Sorti le 17 juin 1939, ce cartoon Merrie Melodies a été réalisé par Ben Hardaway et Cal Dalton. Le dessin animé débute dans un camp de hobos, ces vagabonds de l’Amérique en crise d’après le krach de 1929. Quand un premier train passe, le sifflet de vapeur de la locomotive lance un concert improvisé. Dans le second train passe, ils montent tous à bord. Repérés par un producteur de musique, ils doivent signer pour enregistrer leur tube. Mais, l’amour de la liberté est plus fort que le contrat et la promesse du succès. Quand la locomotive siffle au loin, les hobos s’enfuient du bureau du producteur, irrésistiblement attirés par la liberté qu’offre la vie de bohème, représentée ici par le train.
Hobo Gadget Band de Ben Hardaway et Cal Dalton. Warner Bros. Picture (1939).
■ Betty Boop prend le métro
Premier personnage féminin récurrent de cartoon, Betty Boop a été créée en 1930 par les Fleischer Studios. Dans sa longue carrière, elle a souvent pris le train. C’est le cas notamment dans Thrills and Chills (1938), pour aller skier dans une station de sports d’hiver. Ou encore dans The Bum Bandit (1931), lorsqu’elle est confrontée à un braqueur de train.
Dans le cartoon que nous avons sélectionné, Riding the Rails, Betty découvre les charmes du métro… Passagers malpolis et promiscuité sont au rendez-vous. Mais quand, elle sort de la rame, son petit chien blanc, ne parvient par à la suivre et se retrouve bloqué à bord. Quand finalement il parvient à s’échapper, il se retrouve sur les voies à la merci du métro…
Betty Boop, Riding the Rails de Dave Fleischer. Fleischer Studios (1938).
■ Toonerville Trolley invente le tram sous-marin
Le médecin conseille à M. Bang de se mettre au vert. Pour cela, il décide d’emprunter le tramway du vieux Toonerville Trolley pour se rendre à la plage et se relaxer. Mais, naturellement, rien ne va se passer comme prévu et il va devoir affronter le tramway bondé, une chaise de plage récalcitrante et une pieuvre particulièrement maladroite… Réalisé en 1936 par un studio aujourd’hui disparu, le Van Beuren Studio, cet épisode de Toonerville Trolley est l’un des trois produits cette année-là par le studio. Dans Toonerville Ahoy, un autre de ces cartoons, le vieux conducteur de tram invente un tout nouveau concept, le tramway à voile. Une idée à creuser dans une optique de transport durable.
Toonerville Trolley, Toonerville Picnic de Burt Gillett. Van Beuren Studio(1936).
■ Le dur métier de mécanicien
Personnage de cartoon très populaire dans les années 1930 Scrappy est dans Railroad Wretch (Deux jeunes gens dans le train) le mécanicien d’un train étonnant tracté par une locomotive interminable qui est le principal vecteur de gags du dessin animé. Aidé par son petit frère Oopy qui s’endort en toutes circonstances, le voyage ne va pas être de tout repos, surtout quand le cadet décide de se débarrasser de tous les leviers et de toutes les jauges de la locomotive… Inventé en 1931 par Dick Huemo, le personnage de Scrappy a connu le succès pendant dix ans avant que la série ne s’arrête en 1941.
Scrappy – Railroad Wretch de Dick Huemo. Samba Pictures (1932).
■ Oswald et Pete, deux hobos affamés
Il avait été égaré avant la Seconde Guerre mondiale… Oswald the Lucky Rabbit, Hungry Hobos signé par Walt Disney a été redécouvert en 2011 dans des archives et a ensuite été acheté par la Walt Disney Company. Bénéficiant d’une restauration numérique, Hungry Hoboes a été présenté au Telluride Film Festival. Oswald et Pete jouent aux dames entre deux wagons d’un train qui transporte du bétail. Affamés, ils profitent de la présence d’une poule pour tenter de se faire des oeufs au plat. En absence de feu, Pete trouve une solution tout à fait improbable, mais ils parviennent à faire cuire des oeufs. Malheureusement pour eux, le fumet des oeufs attire un policier…
Oswald the Lucky Rabbit, Hungry Hobos de Walt Disney. Disney Brothers Studios (1928).
■ Une souris qui changea le monde
Mickey’s choo choo (La Locomotive de Mickey) est un court-métrage d’animation mettant en scène Mickey Mouse (alors au tout début de sa carrière lancée seulement un an auparavant) qui est le mécanicien d’une locomotive vivante qu’il doit nourrir en même temps que son chien et lui-même. Installée dans la dernière voiture Minnie Mouse, sa dulcinée, le rejoint dans la locomotive, joue un morceau de violon. Après le repas, le train peine à gravir une colline et la voiture de Minnie se détache du convoi…
Les spectateurs de l’époque ne pouvaient pas se douter que ces oreilles deviendraient si célèbres, symbolisant un des plus grands succès de la culture américaine. Comme l’expliquait Walt Disney : « J’espère qu’on ne perdra jamais de vue le fait que tout commença par une souris… »
Mickey’s choo choo d’Ub Iwerks. Walt Disney Productions (1929).
■ L’obsession de faire l’heure
L’heure, l’heure, l’heure ! Voici l’obsession de Casey Jones. Le personnage des studios Walt Disney est dans ce court-métrage d’animation le mécanicien d’un petit train. Après avoir slalomé dans le labyrinthe du dépôt, Casey se confronte à une inondation et à une multitude de malfrats… Mais le mécanicien sauve la jeune fille et inflige une correction aux bandits, délogés de la locomotive à coups de pelle, tout en gardant un oeil sur sa montre. Parce qu’une seule importe : ne pas être en retard… Si la locomotive n’arrive pas entière, Casey, lui, est à l’heure !
Casey Jones – The Brave Ingeneer de Jack Kinney. Walt Disney Productions (1950).
■ Superman assure la traction
« C’est un oiseau ! C’est un avion ! Non, c’est Superman ! » Le super-héros de DC Comics doit suppléer la locomotive dans ce cartoon. 1 milliard de dollars en or sont chargés dans un train à bord duquel Lois Lane voyage également. Le train est alors la cible d’une bande de malfrats, qui parviennent à attaquer le train. Mais c’est compter sans Superman ! Suite à son succès en bande dessinée, « l’homme de fer » devient à partir de 1939, le héros d’une série de courts-métrages d’animation réalisée par les Studios Fleischer. Ces dessins animés étaient projetés en avant-programme dans les cinémas. Plus de 80 ans après sa naissance, Superman est probablement le super-héros le plus connu au monde. Il est même devenu une véritable icône de la pop culture américaine.
Superman – Billion Dollar Limited de Dave Fleischer. Fleischer Studios (1942).
■ Un cartoon qui fait de la politique
Hell-Bent For Election est un court-métrage d’animation 1944, l’un des premiers films importants de United Productions of America. Celui-ci deviendra quelques années plus tard le studio d’animation le plus influent des années 1950. Dans ce film signé Chuck Jones, l’antipathique Thomas E. Dewey, candidat des Républicains, essaie d’influencer un aiguilleur endormi de l’Union Rail pour faire dérailler le train de campagne de Franklin D. Roosevelt, le candidat démocrate qui remportera d’ailleurs l’élection présidentielle cette année-là.
Hell-Bent For Election de Chuck Jones. United Productions of America (1944).
■ Un contrôle musclé
Onze ans après Mickey’s choo choo, Mickey Mouse reprend le train dans Le Voyage de Mickey (Mr. Mouse Takes a Trip), mais cette fois en tant que passager. En gare de Burbank, il attend son express pour aller à Pomona. Mais au moment de monter à bord, le contrôleur, Pat Hibulaire, lui interdit l’accès au train parce qu’il est accompagné de son chien Pluto. Il le cache alors à l’intérieur d’une valise et monte à bord. Mais, bientôt, c’est l’heure du contrôle des titres de transport… Et le contrôleur a une technique infaillible pour repérer les chiens : imiter un chat !
Mr. Mouse Takes a Trip de Clyde Geronimi. Walt Disney Productions (1940).
■ La passion du modélisme
Dans Out of Scale (Bon pour le modèle réduit), Donald Duck prend le modélisme ferroviaire très au sérieux. Arborant fièrement une tenue complète de mécanicien, il a fait de son jardin un magnifique parcours, où il peut s’adonner à sa passion des chemins de fer. Quand un arbre gêne sa réalisation, il l’abat. Au grand désespoir de Tic et Tac, deux écureuils qui y vivaient. Ils décident alors de s’installer dans une maquette de maison. Donald parvient à les déloger, mais les deux écureuils prennent alors le contrôle du train…
Out of Scale de Jack Hannah. Walt Disney Productions (1951).
■ Porky de la vapeur au diesel
Célèbre personnage des Looney Tunes et Merrie Melodies créé par les studios Warner Bros, Porky est dans Porky’s Railroad (Porky Cheminot) l’heureux conducteur d’une petite locomotive à vapeur décatie. Quand la machine faiblit dans une côte, il est obligé de verser un peu de poivre dans la chaudière pour passer l’obstacle. Pendant son parcours (et comme dans un cartoon ferroviaire sur trois), une vache bloque les voies. Mais après s’être débarrassé de celle-ci, il la confond avec un taureau beaucoup moins coopératif ! Puis, alors qu’il croise un train moderne, tracté par une locomotive diesel rutilante, il accepte de faire la course…
Porky’s Railroad de Frank Tashlin. Warner Bros. Cartoons (1937).
■ Le cartoon au service de la prévention
Le court-métrage d’animation Play safe (Le petit mécano) produit par les Fleischer Studios est un véritable clip de prévention sur les dangers des emprises ferroviaires. Un enfant joue dans son jardin avec son petit train électrique, mais il rêve de conduire une vraie locomotive ! Alors quand un train approche, il ne peut s’empêcher de se diriger vers les voies de chemin de fer qui passent devant chez lui malgré la vigilance de son chien. L’enfant monte alors sur le toit d’un wagon et fait une chute, sa tête percutant le rail. Inanimé, il fait alors un incroyable rêve ferroviaire ! Mais pendant ce temps-là, le danger guette…
Play safe de Dave Fleischer. Fleischer Studios (1936).
■ Même Bugs Bunny ne peut pas arrêter le chemin de fer !
Bugs Bunny, l’un des personnages de cartoon les plus célèbres de l’histoire, a souvent pris le train… C’est le cas de Half-Fare Hare en 1956, de Wild and Woolly Hare en 1959 ou encore de The Great Carrot-Train Robbery en 1969. Dans The Unruly Hare (Le Lapin intrépide), sorti en 1945, le dessin animé débute avec des cheminots qui construisent une voie ferrée en chanson. Mais sur le parcours de celle-ci se situe le terrier du lapin, creusé au milieu d’une souche. Alors qu’il est tranquillement installé dans celui-ci, dégustant des carottes à la chaîne, Elmer Fudd, employé de la compagnie de chemin de fer arrive pour déterminer le futur tracé de la nouvelle ligne. Bugs Bunny va faire de la résistance… mais une chose de sûre le train finira par passer !
The Unruly Hare de Frank Tashlin. Warner Bros Cartoons (1945).
■ Dingo, bagagiste subjugué
Dans Baggage Buster (Attention fragile), le maladroit Dingo est bagagiste dans une petite gare. Il doit charger une grosse malle qui a une particularité, il s’agit de celle d’un prestidigitateur… Mais cette malle va lui réserver bien des surprises alors qu’il doit impérativement la charger à bord du prochain train. Et c’est incroyable tout ce qu’un magicien peut placer dans un tel bagage ! Il faudra à Dingo beaucoup de courage pour remplir sa mission ! Dingo, Baggage Buster de Jack Kinney. Walt Disney Productions (1941).
■ Popeye fait le course pour l’Onion Pacific
Popeye, le marin amateur d’épinard, joue les mécaniciens dans ce dessin animé de 1940. Il participe à une grande course pour le compte de la compagnie Onion Pacific contre son éternel rival le bourru Bluto qui représente la Sudden Pacific. L’enjeu ? L’obtention de la franchise pour exploiter le réseau de l’État. Cerise sur le gâteau. Olive offrira un baiser au vainqueur, ce qui constitue le Graal ultime pour les deux compétiteurs. Comme d’habitude Bluto multiplie les coups bas… Mais Popeye peut compter sur son arme magique : les épinards !
Popeye, Onion Pacific de Dave Fleischer. Fleischer Studios (1940).
■ Quand Woody Woodpecker travaille à bord du fourgon postal
Créé dans les studios d’animation de Walter Lantz en 1940, Woody Woodpecker est l’une des dernières grandes stars de l’âge d’or de l’animation américaine. Ce pic anthropomorphique, avec son corps bleu, sa tête rouge et son bec jaune a fait de son rire, créé par l’acteur Mel Blanc, sa marque de fabrique. Dans cet épisode, Dapper Denver Dooley, un brigand recherché, entreprend de dévaliser le fourgon postal d’un express, où doit se trouver une importante cargaison d’or. Il parvient à monter à bord en se cachant dans un sac postal que le train collecte dans une petite gare. Mais pas de chance pour lui, cette nuit-là, c’est Woody Woodpecker qui est chargé du tri des lettres…
Woody Woodpecker, Box Car Bandit de Paul J. Smith. Walter Lantz (1957).
Et aussi… Pencil Mania (1932), Happy Hoboes (1933), The Hobo Hero (1935), Streamlined Greta Green (1937), Magoo Express (1955), Choo Choo Amigo (1946), Weary Willies A Swiss Trick (1931), Railroad Rhythm (1937), Jasper and the Choo Choo (1943), John Henry and the Inky-Poo (1946), Rail-Rodents (1954), The Ski’s the Limit (1949), Phoney Express (1962).
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