La SNCF a connu dernièrement plusieurs incidents qui l’ont placée au centre du jeu médiatique. Avec l’indispensable refonte de son système d’information voyageur, la compagnie nationale a choisi d’innover en créant un « avatar » numérique pour porter sa parole sur les réseaux sociaux. Simone Hérault, la voix de la SNCF, a été logiquement choisie pour représenter cette information voyageur 2.0.
La compagnie ferroviaire a décidé de créer un « avatar » numérique de Simone Hérault, celle qui depuis plus de 35 ans est la voix des annonces en gare de la SNCF. En 1981, Régis Brasseur, qui supervise alors les messages sonores à la SNCF, cherche à recruter une speakerine. Alors qu’il pense appeler France Inter, il joint les services de Fip [N.D.L.R. : une petite soeur de France Inter diffusant de la musique, et quelques flashs de circulation]. Dans les couloirs de la station de radio, Simone, alors jeune « Fipette » [le surnom des présentatrices] entend parler de cette opportunité et tente sa chance. La suite, on la connaît ! Elle va devenir l’une des voix les plus connues de France.
Alors que la SNCF lance sa « révolution » de l’information voyageur, elle va jouer un nouveau rôle sur le Web. Aujourd’hui, l’information diffusée par la SNCF passe de plus en plus par une présence sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter. À la direction de la Communication, on a eu l’idée de créer un avatar numérique qui peut communiquer d’une manière différente l’information. Au moment de choisir qui pourrait incarner cette parole, Simone est apparue comme une évidence. Elle représente le train, mais elle n’est pas de la SNCF, si bien qu’elle est autant du côté des cheminots, que de celui des voyageurs. Une position médiane essentielle pour être écoutée de tous.
Quand on lui a proposé de franchir le pas de l’avatar numérique, Simone n’a pas hésité une seconde « J’ai entièrement confiance dans l’équipe qui pilote ce projet. Puis, j’étais très curieuse de voir le résultat… »
Sa voix personnifie à elle seule le voyage en train et la SNCF, mais pour en faire un personnage numérique crédible, la 2D n’aurait pas été à la hauteur. Et peu de studios maîtrisent la technologie de modélisation 3D. C’est un parcours long, laborieux et coûteux. Il faut dire que ce savoir- faire est rare. Une technologie de pointe développée notamment par l’industrie du jeu vidéo ou celle du dessin animé. La SNCF a donc fait appel à Label Anim, une structure qui maîtrise les nombreuses étapes du processus de création d’un dessin animé. Pour le son, élément essentiel sur le Web, elle a confié le projet à Hifi -Génies Production, un studio spécialisé, notamment réputé pour son travail sur les jeux vidéo. Ses studios d’enregistrements numériques sont entièrement équipés pour le doublage, la postproduction et le mixage. Une étape complexe puisqu’il fallait s’adapter au rythme de Simone et non l’inverse.
Une actrice spécialisée dans ce type de production, constellée de capteurs, joue chaque scène sur un fond vert avec une contrainte de poids : épouser le rythme de Simone, qui a apprécié sa prestation : « Je l’ai appelée pour la remercier. Je suis très intéressée par ce jeu d’acteur si spécifique. J’ai très envie d’essayer moi-même, ce qui pourrait d’ailleurs être le cas… »
En tout, six mois ont été nécessaires pour achever cette production. Le résultat est impressionnant. On discerne chaque cheveu, chaque maille de son pull. Afin de garantir une fluidité de mouvement proche de la nôtre, chaque os du squelette doit être numérisé ! En découvrant son double numérique, Simone a été quelque peu troublée, elle confie entre deux rires : « Elle me ressemble, sans me ressembler. C’est amusant… Je suis devenue un peu la Reine des neiges… Je vais libérer et délivrer l’information ! » Consciente des enjeux, elle explique : « Avec cette révolution de l’information voyageur, on franchit une étape folle. Nous allons toucher un public plus jeune, très connecté, avec un univers pictural qu’il connaît. Ce n’est pas un coup de com’ ! »
En tout cas, voici une nouvelle expérience de l’ubiquité pour l’une des voix les plus connues de France. Dorénavant, il y aura un corps et un visage derrière le son, même si l’avatar ne reste qu’une abstraction en trois dimensions de la vraie Simone Hérault qui, elle, demeure fort heureusement unique.
Alors que 5 millions de voyageurs doivent être informés chaque jour, notre Simone 2.0 va devenir autant le porte-voix de l’entreprise que celui de ses clients. Sa présence sur les réseaux sera signée par le hashtag #AlloSimone – ce mot précédé du signe dièse qui marque la présence d’un contenu sur la Toile. Une signature qui rassure les voyageurs, comme les cheminots !
