Pendant la Première Guerre mondiale, le rôle chemin de fer a été primordial pour le transport des troupes du matériel, des armes, mais aussi pour acheminer les permissionnaires, les blessés et les prisonniers. Un vaste sujet de recherche pour le Cercle de généalogie des cheminots.
Signé à Rethondes quatre ans après l’entrée en guerre de la France et de ses alliés (le Royaume-Uni, la Russie) face à l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, l’armistice du 11 novembre 1918 a fait taire les armes, devenant une date de commémoration symbolique. Mais elle ne marque pas tout à fait la fin de la guerre. D’autres conflits, directement liés à la Grande Guerre, éclatèrent, notamment en Europe de l’Est et en Europe centrale où les peuples cherchèrent à gagner leur indépendance suite à l’effondrement des empires allemand, austro-hongrois et russe. Après de longs mois de discussions, le traité de Versailles sera signé le 28 juin 1919, soit huit mois après le 11 novembre 1918. Cependant, pour les soldats, l’expérience des combats s’est prolongée des mois, voire des années après. On a parlé des morts, des combats, mais rarement des prisonniers. Et pourtant… « La Grande Guerre a inauguré un nombre de prisonniers jamais connu auparavant : près de 7 millions, répartis partout dans le monde », explique l’historien François Cochet, conseiller scientifique de l’exposition 7 millions ! Les soldats prisonniers dans la Grande Guerre, récemment présentée au Mémorial de Verdun, en partenariat avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). « L’extraordinaire massification des armées nationales a entraîné l’augmentation des effectifs concernés par la captivité de guerre dans des proportions considérables. En 1918, les Allemands contrôlaient à eux seuls 2,5 millions de captifs », indique François Cochet. « Dès octobre 1914, le CICR s’est soucié de la possibilité d’échanger les grands blessés et malades qui étaient en captivité, d’obtenir leur rapatriement en train ou tout au moins leur hospitalisation en pays neutre », commente Daniel Palmieri, historien du CICR.
Pendant le conflit, dans la journée, il se pouvait qu’on utilise la traction animale sur les rails plutôt que le train pour transporter les blessés, car les locomotives pouvaient être repérées par l’ennemi à cause de la fumée et de la vapeur. « Pour des raisons de sécurité, les trains circulaient plutôt la nuit et on prenait soin de masquer la source lumineuse du foyer », raconte Henri Dopsy, président du Cercle de généalogie des cheminots (CGC), pour qui la Première Guerre mondiale constitue un vaste sujet de recherche. Dans la revue du CGC, Généalogie Rail, des articles largement illustrés sont consacré aux cheminots ayant été mobilisés pendant la Grande Guerre.
« Loin, très loin de Verdun, les marins et les soldats français de l’armée d’Orient ont connu des conditions de combat spécifiques et enduré des souffrances particulières », souligne François Cochet. « Les marins ont éprouvé l’angoisse des mines, tandis que les soldats débarqués aux Dardanelles se sont heurtés à la difficulté de creuser des tranchées, celle d’un improbable ravitaillement en eau et la capacité guerrière des soldats ottomans, motivés par la guerre sainte. Les parcours d’évacuation des blessés étaient encore plus tragiques que sur le front occidental. » Le film de Bertrand Tavernier Capitaine Conan (1996), adapté du roman homonyme de Roger Vercel, raconte avec talent cet épisode dramatique de la guerre.
« Après la signature de l’armistice, le chemin de fer, qui revêtait une importance capitale pendant la Grande Guerre pour alimenter le front en hommes et en matériel, et pour transporter les permissionnaires, va continuer d’être largement mis à contribution. Des échanges de prisonniers ont eu lieu. La procédure d’internement consistant à envoyer des prisonniers blessés ou malades dans des Etats neutres (les Pays-Bas, la Suisse) s’est développée. Là encore, le chemin de fer a pleinement joué son rôle », explique François Cochet. « Si, au départ, les Allemands étaient les mieux dotés en termes de réseaux ferrés, les Français ont pu rattraper leur retard. »
En France, les poilus ne sont pas retournés immédiatement à la vie civile. La démobilisation s’est effectuée en deux phases : une première de novembre 1918 à avril 1919, et une seconde de juillet 1919 à début 1920. Au total, près de 5 millions d’hommes rentrent à la caserne au cours de ces deux années. « En revanche, les Français ont gardé leurs prisonniers allemands jusqu’en octobre 1919, peu avant la signature du traité de Versailles. » Un traité qui sera au coeur des revendications militaristes d’Hitler et de l’Allemagne nazie, dans les années 1930.
Contact : CGC, 01 58 20 51 29.
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