Les chiffres de l’emploi font des transports un secteur bien à part dans l’économie française : 12 000 emplois y ont été créés en 2015, selon les chiffres de l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les transports et la logistique (excluant le transport urbain). Ce qui représente une hausse de 2 % comparé à l’année précédente, cela alors que la hausse de l’emploi pour l’ensemble de l’économie atteint 0,6 %. « En 2016, la tendance se confirme », indique Denis Schirm, le président de l’OPTL. Les prévisions tablent en effet sur une progression de l’emploi dans la branche de 2,8 %, soit la création nette de 18 000 emplois (les chiffres de 2016 ne sont en effet pas encore définitivement connus). Selon l’OPTL, cette embellie touche tous les secteurs de l’activité. « Mais le gros des recrutements touche avant tout la conduite avec 11 300 salariés supplémentaires (+ 3 %), dont 2 570 dans le transport routier de marchandises et 1 660 dans le transport sanitaire. Ainsi que la famille professionnelle logistique- manutention-magasinage, qui grossit de 4 % », précise Michel Chalot, le vice-président.
Reste que cette tendance a été mal anticipée par les entreprises. Signe des difficultés, le taux de tension s’est accru de trois points en 2015, indiquant que le nombre d’offres d’emploi déposées par les entreprises augmente plus vite que la demande d’emplois. Ces difficultés concernent surtout les recrutements à des postes de cadres et ingénieurs du transport ou de la logistique ainsi qu’à des postes de conducteurs en transport de personnes. En 2016, les problèmes semblent avoir été encore plus importants si l’on en croit l’enquête réalisée auprès des employeurs. En particulier dans le transport de personnes : 43 % des employeurs du transport routier de voyageurs ont reconnu des difficultés à embaucher (six points de plus qu’en 2015). Cette catégorie concerne notamment le transport scolaire. Peut-être aussi le transport en car longue distance. « Il y a sûrement un effet de la loi Macron, mais qui n’a joué qu’à partir de la fin 2015… », souligne Michel Chalot. Conclusion des deux dirigeants de l’OPTL : « On n’a sans doute pas formé assez de conducteurs en 2015 ». Pour Michel Chalot, « le système de formation n’est pas assez souple. Pendant des années, on a connu une contraction. Il faut désormais que le système se réajuste ». On ne saura que dans quelques mois si l’ajustement a été réussi en 2016.