Il était une fois dans La Vie du Rail est une nouvelle section animée par vous et pour vous, elle va nous permettre de revisiter l’histoire cheminote. Celle d’il y a 10, 20, 30, 40 ans… Profitez de nos archives en nous signalant ce que vous souhaitez relire et redécouvrir. Retrouvez, les nouveaux matériels, les grands travaux, les événements qui ont marqué la SNCF… Une plongée dans l’aventure du rail.
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6) Il y a 5 ans, fin de parcours pour les locos Jacquemin
Avec les derniers trains assurés par la BB 16029, les 24 et 25 novembre 2012, c’est toute une page de l’histoire de la traction électrique en France qui s’est tournée. Symboliques de la modernisation du parc SNCF de la fin des années 1950 au milieu des années 1960, les BB Jacquemin étaient tellement associées à l’image de la société qu’elles ont même, un temps, fait partie du logo de l’entreprise.
Les BB Jacquemin, et en particulier leurs deux bogies à deux essieux moteurs, dérivent d’une machine hautement symbolique : la BB 9004 du record du monde à 331 km/h en 1955. C’est en 1957, deux ans après ce record, qu’a été mise en service la première série de locos Jacquemin, produite par Creusot-Loire, Jeumont-Schneider et les CEM. Initialement, ces BB portaient une livrée très « fifties », alliant une robe verte et des « moustaches » chromées dans les sillages du macaron SNCF et des feux. Aptes à circuler jusqu’à 160 km/h sur les lignes électrifiées sous 1,5 kV en courant continu, les 92 unités de la série 9200 ont ouvert la voie sur les grandes lignes au sud de Paris. Les plus célèbres d’entre elles seront certainement les six machines modifiées pour tracter à 200 km/h le Capitole, en 1967. Outre par leur livrée rouge, ces machines se distingueront de leurs soeurs aînées par leur pantographe unijambiste en lieu et place du classique panto losange. Le pantographe unijambiste équipera d’ailleurs les séries suivantes de BB Jacquemin, à commencer par les 16000, dont 62 unités ont été construites par MTE de 1958 à 1963 pour les lignes nouvellement électrifiées en 25 kV 50 Hz au nord, à l’est, puis au nord-ouest de Paris. Esthétiquement similaires aux
Cet, les 16000 étaient toutefois bien plus proches pour leur partie électrique des BB 12000, des « fers à repasser » livrés pour l’électrification de l’artère nord-est en 50 Hz au milieu des années 1950.
La SNCF ayant choisi au cours des années 1950 de passer du courant continu au monophasé pour ses nouvelles électrifications, de nouvelles « frontières » électriques sont apparues. Pour franchir ces dernières, une version bicourant de la BB Jacquemin a été étudiée : dérivée à la fois des 9200 et des 16000, son numéro de série sera la somme des deux précédents, soit 25200 ! Construites à 51 exemplaires de 1965 à 1975, ces BB 25200 se retrouveront dans les régions à cheval sur deux types d’électrification, entre Paris et Rennes, en Rhône- Alpes ou entre Marseille et la Côte d’Azur.
De 1967 à 1969, une dernière série monocourant sera toutefois livrée : les 40 BB 9300, dérivées des 9200, dont elles se distinguent par leurs pantographes unijambistes. Ces machines régneront sur le réseau à courant continu du sud de la France.
Au fil des années, l’aspect et la livrée des BB Jacquemin évolueront. Les baies d’angle des cabines de conduite disparaîtront assez rapidement, alors que les feux, unifiés, seront enrichis d’une paire de feux rouges à la fin des années 1970. Mais c’est surtout la suppression des « moustaches » sur presque toutes les machines qui les feront tomber dans l’anonymat, alors que la livrée grise « béton » se généralisera dans les années 1980, après des variantes de vert et quelques livrées « Corail ». C’est d’ailleurs pour se marier avec les voitures Corail rénovées que la livrée multiservice gris et rouge sera adoptée dans la deuxième moitié des années 1990, suivie enfin par la livrée « en voyage… » après 2002. Entre-temps, au début des années 1990, 15 BB 16000 seront modernisées en BB 16100 pour la remorque des rames à deux niveaux entre Paris et Rouen ou la Picardie.
Accidentée en 2004, la BB 16001 sera aussitôt radiée. Monocourant ou bicourant, ses soeurs seront retirées de service dans les années suivantes. Certaines 25200 reprendront du service en Roumanie, alors que la 25236, restée en livrée d’origine, devrait rejoindre la 9291 rouge au musée de Mulhouse. Une 16000 sera-telle préservée ? En tout cas, une pétition a été lancée à cette fin.
Cet article est tiré du numéro 3396 du 2 janvier 2013, appuyez sur la couverture pour l’acheter :