La gare de l’Est à Paris est depuis toujours au centre des relations franco-allemandes. Pour le meilleur – des millions de visiteurs allemands y sont arrivés pour découvrir la France et des millions de voyageurs français vers l’Allemagne en sont partis, mais également, pour le pire. La gare a eu, à l’occasion des différents conflits qui ont opposé les deux pays, une importance militaire stratégique, surtout à l’occasion de la Première Guerre mondiale. Troupes, vivres, munitions et matériels transitaient par la gare du Xe arrondissement de la capitale. Un lieu qu’il est donc crucial de protéger. L’écrivain Xavier Boissel nous raconte dans l’émission d’Arte Invitation au voyage, dans la rubrique Incontournable, un événement méconnu du dernier conflit mondial.
Alors que les Allemands lancent en 1915 les premiers bombardements aériens sur Paris et que les progrès techniques des pièces d’artillerie en augmentent considérablement la portée, l’état-major français va lancer un ambitieux programme : la construction d’un faux Paris pour tromper l’armée allemande. Une Section camouflage est alors créée. Prévue près de Maisons-Laffitte, au nord-ouest de la capitale, la construction de ce leurre devait reproduire certains éléments bien connus du paysage parisien : un bras de Seine, la place de l’Étoile et celle de l’Opéra, les grands boulevards, mais aussi les gares, cibles stratégiques pour l’aviation allemande. À une époque où les aviateurs ignoraient le radar et les instruments de visée et où les bombardements s’effectuaient de nuit, le leurre devait être donc avant tout lumineux.
La guerre s’achèvera avant que le projet ne voie réellement le jour, mais une gare de l’Est fantoche, faite de toiles et de planches de bois a bien vu le jour dans les Yvelines. Des baraquements ont été construits, ils devaient passer pour une ligne de chemins de fer, le jour, et pour un train toutes lumières allumées, la nuit. Des toiles tendues devaient reproduite les verrières et des chevaux et des lanternes, les mouvements de trains. L’histoire ne dit pas si le leurre a trompé quelques voyageurs égarés !
Dans un autre genre d’aventure ferroviaire, le reportage qui précède celui sur la gare parisienne, nous emmène au Nouveau-Mexique sur les traces des hors-la-loi qui y écrivirent leur légende entre 1840 et 1912, date où ce territoire obtient le statut d’État américain. De Billy the Kid à Jessy James, en passant par Black Jack, ils ont notamment fait du braquage de train leur spécialité. Aujourd’hui encore le souvenir de cette époque sans foi ni loi, qui a fait les belles heures de la culture populaire américaine, notamment des studios d’Hollywood, est savamment entretenu au Nouveau-Mexique. Comme dans la petite gare de Lamy, où les balles sifflent encore dans les esprits.
Lundi 2 avril 2018 à 17h05 sur Arte. Invitation au voyage. Émission présentée par Linda Lorin (France, 2018, 38 mn).
