Coup de tonnerre dans le rail allemand : Rüdiger Grube, PDG de la Deutsche Bahn, a annoncé lundi 30 janvier sa démission avec effet immédiat, après huit ans d’exercice à ce poste. En cause, selon la presse allemande, l’échec des discussions autour d’une prolongation de son contrat : en échange d’une absence de hausse de salaire, il s’était entendu avec le conseil de surveillance du groupe sur une prolongation de trois ans. La décision de ce dernier de finalement la ramener à deux années supplémentaires aurait été la goutte d’eau de top pour Rüdiger Grube, 65 ans. La décision a pris de court DB, qui appartient à 100 % à l’État fédéral allemand : le ministre des Transports Alexander Dobrindt a avoué sa surprise face à un « développement inattendu ».
Si le directeur financier Richard Lutz assure l’intérim, le nom de son remplaçant pourrait faire l’objet d’âpres négociations. Son successeur désigné semblait être Ronald Pofalla, actuel responsable des infrastructures de la Deutsche Bahn, mais aussi ancien directeur de la Chancellerie fédérale et proche d’Angela Merkel. Un candidat un peu trop politique, et qui pourrait susciter l’ire des sociaux-démocrates au sein de la coalition au pouvoir, alors que se profilent des élections fédérales l’automne prochain. D’autres lui reprochent son manque d’expérience au sein d’un groupe qui compte 300 000 salariés dans le monde et pèse 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Ancien manager de Daimler, Rüdiger Gruber avait été appelé à la rescousse en 2009 dans une entreprise alors secouée par un scandale d’espionnage massif des courriels de ses salariés. S’il n’est pas parvenu à résoudre le cassetête que pose le déficit du transport de marchandise, il peut se targuer de bons résultats, notamment du côté des horaires, avec un taux de ponctualité (moins de six minutes de retard) passé de 74,4 % en 2015 à 78,9 % en 2016, et son implication unanimement saluée, au projet de restructuration Zukunft Bahn. Sous sa houlette, Deutsche Bahn a en outre engrangé l’an dernier un bénéfice opérationnel de 1,8 milliard d’euros.