Il l’a reconnu à nouveau lors de son procès, comme il l’avait admis juste après l’accident ferroviaire le plus grave qu’ait connu l’Allemagne depuis 1998, l’aiguilleur de DB Netz, le gestionnaire du réseau, jouait sur son téléphone mobile au moment des faits. La collision entre deux trains régionaux, survenue le 9 février dernier à 6h47 à la hauteur de Bad Aibling en Bavière à une soixantaine de kilomètres de Munich, a fait 12 morts et 89 blessés dont 18 graves. Le cheminot de 40 ans l’a avoué d’emblée jeudi 10 novembre lors de sa comparution à Traunstein dans un message lu par la défense, rapporte l’AFP, et il s’est adressé ensuite directement aux victimes ou aux proches des personnes disparues. « Je sais que je ne peux pas revenir en arrière, même s’il n’y a rien que je souhaite plus », a-t-il tenu à déclarer. En fait trois erreurs consécutives se sont enchaînées. Absorbé par son jeu sur le portable, il a laissé passer un des deux trains qui était en retard sur l’horaire prévu sur le tronçon à voie unique de Holzkirchen à Rosenheim.
Et il a désactivé le système de sécurité qui aurait dû déclencher un freinage d’urgence automatique. Puis paniqué en s’apercevant de son erreur, il s’est ensuite trompé en utilisant la radio pour prévenir les deux conducteurs des trains selon les enquêteurs. Les deux rames Flirt de Stadler, exploitées par la BOB qui appartient au groupe de transports publics français Transdev, transportaient à cette heure matinale quelque 150 personnes. Elles se sont heurtées de plein fouet à quelque 100 km/h sans que les conducteurs aient pu s’apercevoir sur ce tronçon situé en courbe. Alors que la rame se dirigeant vers Holzkirchen avait quitté Kolbermoor à l’heure, le train dans l’autre sens accusait lui un retard de quelques minutes mais avait été néanmoins autorisé par l’aiguilleur de Bad Aibling à quitter la gare. L’hypothèse d’une défaillance du système d’exploitation de BOB, on s’en souvient, avait été très vite écartée lors d’une conférence de presse du ministre allemand des Transports, Alexander Dobrindt, dès le 16 février et « il n’y a aucun indice relatif à un problème technique », avait précisé de son côté le procureur du parquet. Le cheminot encourt aujourd’hui une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison pour homicides par négligence et blessures par négligence.