Au pied de l’escalier qui permet de rejoindre l’étage de ce RER E s’élève un poteau héraldique, oeuvre d’une tribu amérindienne de l’actuel Colombie britannique, dans l’ouest du Canada… une rencontre inattendue dans un train de banlieue. À l’étage, des portraits en noir et blanc de chefs amérindiens soutiennent le regard, visages endurcis d’une civilisation assassinée par l’arrivée massive des colons européens… Pareil, plutôt inattendu. Pas de panique, vous venez seulement de pénétrer dans la voiture « Amérique » d’un train pas comme les autres.
Depuis le 15 juin 2017, et son départ de la voie 11 de la gare de l’Est, le Train des arts et des civilisations offre aux voyageurs du RER E une sélection des trésors issus des collection du musée du quai Branly – Jacques Chirac, le plus grand musée du monde dédiés aux arts premiers (plus d’information en bas de l’article). En tout près de 400 pièces (oeuvres d’art, photographies, peintures et objets) issues des collections du musée sont ainsi exposées et recouvrent l’intérieur du train.
Après les pelliculages du train « Versailles » en 2012 sur la ligne C, du train des Impressionnistes sur la ligne J en 2013, du train du cinéma sur la ligne D, début 2016, puis du train Nature et Patrimoine, fin 2016, c’est donc au tour du RER E de voir l’un de ses trains transformé en une exposition itinérante sur rail. Une fois de plus, c’est l’agence Adkeys qui a conçu les décors de ce Transilien unique. La pose de ces décors pelliculés – un défi en soi – est l’oeuvre des équipes de l’Établissement industriel de Saint-Pierre-des-Corps. 890 panneaux par rame formant un imposant puzzle… En tout, plus de 600 m2 de vinyles ont été utilisés pour décorer l’intérieur des cinq voitures. Chacune d’entre elles célèbre les cultures d’un espace géographique donné. L’Amérique du nord, donc, mais également l’Amérique du sud avec des oeuvres issues des civilisations précolombiennes les plus connues, comme les plus confidentielles. Ailleurs, l’Océanie étale toute sa diversité issue de l’immense espace Pacifique. Dans la voiture consacrée à l’Afrique, un imposant portrait d’un chef sénégalais domine les voyageurs. Du Maghreb aux quatre coins de l’Afrique sub-saharienne, la myriade de cultures issue du berceau de l’humanitéont offert pléthore de trésors artistiques. Enfin, l’Asie, le plus grand des continents, prend place dans une dernière voiture, où l’on voyage de la Turquie au Japon. Un peu partout des éléments architecturaux du musée sont également mis en avant. Chaque jour entre les gares de Haussman Saint-Lazare et de Chelles-Gournay ou Tournan, en passant par la Gare Magenta, Rosa Parks ou en encore Noisy-le-Sec, vous aurez peut-être l’occasion de voyager dans ce train unique qui célèbre l’universalité de la recherche artistique, de cette volonté de transformer le monde, de le transcender par le Beau. Un combat du genre humain essentiel parce qu’absolument gratuit.
Un musée ouvert sur la diversité du monde
Ouvert en 2006, le musée du quai Branly – Jacques Chirac (le nom ayant été ajouté en juin 2016 en hommage au président de la République qui a porté le projet), est le plus grand musée du monde exclusivement dédié aux arts premiers en provenance d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. On y a réuni les collections d’ethnologie du musée de l’Homme, ainsi que celles du musée national des arts d’Afrique et d’Océanie. C’est Jean Nouvel qui a dessiné ce bâtiment situé au bord de la Seine, dans le très chic 7e arrondissement de la capitale. L’édifice est à la hauteur des trésors qu’il renferme : plus de 40 000 m2 pour accueillir plus d’1,3 million de pièces. Sa médiathèque propose 250 000 ouvrages consacrés aux arts premiers. Un théâtre pouvant accueillir près de 500 spectateurs a également vu le jour et a été baptisé Claude Lévi-Strauss, en hommage à l’un des pères de l’ethnologie et du structuralisme.
Histoire de l’art et ethnologie sont d’ailleurs étroitement mêlées dans la scénographie des expositions et le lieu permet de comprendre toutes l’influence que ces oeuvres – longtemps qualifiés abusivement de primitives – ont eu sur l’histoire de l’art, notamment la plus moderne. Si vous voulez découvrir les oeuvres présentées, plus de 900 000 d’entre elles ont été numérisées et sont accessibles dans son catalogue en ligne. En 2015, le musée a reçu plus d’1,3 million de visiteurs au cours de l’année.
Musée du quai Branly – Jacques Chirac 37 Quai Branly, 75007 Paris Tél. : 01 56 61 70 00 www.quaibranly.fr
