Si de nombreux trains s’appelaient RER avant le 8 décembre 1977, le terme – qui signifie Réseau express régional -, prend tout son sens à cette date, avec l’inauguration du tronçon Auber-Nation, qui croise à Châtelet, la ligne de Sceaux prolongée au-delà de Luxembourg.
RER, inauguration, Valéry Giscard d’Estaing : un sigle, un nom commun, un nom propre et, avec un bon moteur de recherche, on arrive tout droit sur les émouvantes archives de l’INA. Ce 8 décembre 1977, le président de la République est aux commandes du train inaugural. Jacques Chirac, maire de Paris, prend place sur une banquette de deuxième classe où le rejoint le président. Christian Gérondeau, « Monsieur sécurité routière » et « père du RER » explique l’intérêt de la jonction. Michel Chevalet, le journaliste scientifique de TF1, est filmé, dit-il, à 30 mètres sous Paris, à Châtelet – Les Halles, « dans une station longue comme deux terrains de football » et il suffirait de percer un trou dans le mur orange derrière lui pour que la Seine soit de la partie.
Châtelet-les-Halles car, ce jour-là, ce qu’on célèbre, c’est une double rencontre dans le ventre de Paris. Par l’ouverture du tronçon central, Auber – Nation, la branche ouest du RER A rejoint la branche est. Et par le prolongement depuis la gare du Luxembourg jusqu’à Châtelet, la ligne de Sceaux devient le RER B. Les spécialistes le savent, ce 8 décembre ne marque pas la naissance du RER. Cela fait des années que des trains portent cette appellation. Mais, grâce à cette rencontre en plein Paris le R initial des trois lettres RER prend tout son sens. Il y avait des branches, le Réseau est né. La RATP et la SNCF, les « deux administrations rivales », comme dit Christian Gérondeau, collaborent enfin. Le métro et le train de banlieue ne font plus qu’un.
Le train traverse Paris, et c’est un peu la fin d’une vieille querelle. Elle a opposé les compagnies ferroviaires à celles du métro. Les premières voulaient opérer leur jonction dans la capitale, les secondes préserver leur pré carré. La fin ? Pas tout à fait. Seuls des trains de banlieue passent sous la ville, les grandes lignes s’arrêtant toujours aux mêmes butoirs.
Reste que, ce 8 décembre, une période nouvelle s’ouvre. En sommes-nous sortis ? Pas sûr. C’est alors le premier choc pétrolier, et Valéry Giscard d’Estaing trace une perspective qu’on ne renierait pas. Pour des questions de coût du pétrole et de pollution, l’avenir est dans les transports en commun. Il le dit de Paris, mais aussi de Lyon et de Marseille.